Embauché comme professeur de physique-chimie dans deux collèges de Montpellier, Moustapha Gueye se voit finalement obligé par la préfecture de quitter le territoire d’ici à la fin août 2020.
Originaire du Sénégal, Moustapha Gueye enseigne la physique-chimie depuis 2017. Arrivé en France en 2011 en tant qu'étudiant, il enseigne depuis la rentrée 2019 dans deux collèges de Montpellier. Avant, il avait déjà enseigné dans la région à Nîmes et à Béziers.
Comment expliquer cette situation ?
Dans le document envoyé par les services de la préfecture de l'Hérault, on lui repproche que son dernier contrat s’achève au 31 août 2019. Une décision rédigée sans perdre de temps puisque Moustapha a commencé son nouveau contrat le 1er septembre...
Depuis deux semaines, le quotidien du professeur de physique-chimie était bouleversé. Mais il tente de se concentrer sur son travail, pour la réussite de ses élèves : "Je n'ai rien fait de mal et du jour au lendemain on te donne 30 jours pour quitter le territoire ça fait mal".
Mon contrat actuel court du 1er septembre à la fin du mois de juin 2020 et mon titre de séjour va jusqu'en décembre 2020. J'ai signé le contrat le 9 septembre. C'est ce qui explique peut-être la situation mais on ne m'a pas prévenu" Moustapha Gueye.
Pas de Sénégalais chez les professeurs de physique
Dans le document que Moustapha a reçu le 14 septembre, les services de la préfecture motivent la décision par un autre argument : le métier de professeur de physique-chimie ne relève pas de la liste des métiers accesssibles aux ressortissants sénégalais élaborée en 2006.
Pourtant, le rectorat de Montpellier confirme à France 3 que cette discpline fait partie "des disciplines en tension". L'académie dispose ainsi "d'un vivier de contractuels recrutés selon une procédure claire pilotée par les inspecteurs pédagogiques pour pallier aux postes vacants".
Une procédure de recrutement propre à l'académie pour filtrer les candidatures, mais une motivation de plus pour justifier l'obligation de quitter le territoire selon les services de la préfecture qui considèrent que le rectorat aurait dû passer par Pôle Emploi.
Soutien des élèves et des enseignants
Devant le collège Gérard Philipe, les élèves sont plusieurs à soutenir leur professeur: "Une décision injuste" selon un élève de 3ème. Si leur professeur est expulsé, 6 classes se retrouveraient sans professeur de physique-chimie. Sans compter les autres classes du collège Arthur Rimbaud où travaille aussi Mr Gueye.
Un collectif a aussi été lancé par de nombreux enseignants, une pétition est aussi en ligne, déjà signée par plus de 2.000 personnes. Julien Frayssinhes enseigne à Gérard Philipe, il est membre du collectif de soutien à Moustapha :
On réclame la levée de l'OQTF et sa régalurisation. La préfecture se doit aussi reprendre la procédure de naturalisation de Moustapha" Julien Frayssinhes.
Dossier réexaminé par la préfecture
Contactés par France 3 Occitanie, les services de la préfecture précisent que "Le dossier de Mr Gueye a été revu. Il est en cours de rééxamen et l’on se dirige vers une issue favorable".
Reste à savoir, ce que signifie le mot "favorable" ? S'agit-il de la régularisation de Moustapha ? de sa naturalisation ?
OQTS suspendue jusqu'au 31 août 2020
La réponse de la préfecture est arrivée ce soir vendredi 10 octobre. Elle suspend l'OQTS du professeur jusqu'au 31 août prochain. Cela ne satisfait pas le collectif qui le soutient.
Il maintient les rassemblements prévus ce lundi à huit heures devant le collège Gérard Philippe à Montpellier et à 10 heures devant la préfecture, ainsi que les préavis de grève dans les collèges Gérad Philippe, Arthur Rimbaud à Montpellier et Frédéric Mistal à Perols.