Cinq pompiers de l'Hérault, dont l'ancien numéro 1, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour "homicide involontaire" après la mort d'un pompier dans l'incendie de Gabian dans l'Hérault, il y a huit ans, a appris France Bleu Hérault vendredi auprès de l'avocat de la mère de la victime, Me Luc Abratkiewicz.
Le 10 août 2016 dans l'après-midi, quatre pompiers s'étaient retrouvés piégés dans leur camion au milieu d'un gigantesque incendie. Le feu était parti d'un mégot de cigarette jeté dans un fossé, le long de RD 13 à Gabian et le vent soufflait à 15-20 km/h.
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Les pompiers auraient dû être protégés par la cabine du camion-citerne. Réfugiés à l'intérieur, elle aurait dû faire barrage aux flammes grâce aux systèmes de protection, comme de l'eau envoyée tout autour du véhicule pour former une sorte de bulle, en attendant que le front des flammes passe. La cabine devait aussi être étanche aux fumées pour préserver l'air respirable. Mais aucun des deux systèmes ne fonctionnait. La radio était également hors service.
Un véhicule plus aux normes
Les quatre pompiers ont préféré s'échapper. Trois d'entre eux ont été grièvement brûlés. Le quatrième, Jérémy Beier, 24 ans, a succombé à ses blessures un mois et demi plus tard. "S'ils étaient restés dans le camion, ils seraient morts", assène Luc Abratkiewicz, l’avocat des victimes et de leurs familles. Pourtant, les problèmes avaient été signalés à plusieurs reprises au moyen de notes écrites dans un cahier. Il y a eu au moins sept signalements durant l'été 2016, dont le dernier, seulement quatre jours avant le drame, rappelle France Bleu Hérault.
La hiérarchie était donc au courant des dysfonctionnements, selon les conclusions de l'enquête. Pourtant, le véhicule, qui n'était plus aux normes depuis plusieurs années, a été envoyé au front. Il est également reproché à la hiérarchie de n'avoir pas donné l'ordre d'évacuer la zone dangereuse à temps ou encore de ne pas avoir répondu aux demandes de largages aériens.
L'enquête est désormais close. Les cinq prévenus sont notamment poursuivis pour "homicide involontaire". La date du procès n'est pas encore fixée.
En juin 2024, le tribunal administratif de Montpellier avait condamné le Service d'incendie et de secours de l'Hérault à plus de 877 000 euros de dommages et intérêts. L'indemnisation de l'État avait été justifiée par la juridiction car "l’accident de service est imputable à des fautes dans l’organisation du service du SDIS."