Le Rassemblement National a décidé de retirer son soutien à la liste menée par Olaf Rokvam à Montpellier. En cause la présence de Djamel Boumaaz, élu au conseil municipal sur la liste du Front National en 2014, parti qu'il a quitté par la suite. Le RN lui reproche notamment son antisémitisme.
Jean-Louis Cousin, délégué du Rassemblement National dans l'Hérault, explique dans un communiqué officiel que "les comportements scandaleux que monsieur Djamel Boumaaz a eu à diverses reprises ne peuvent être acceptés par le Rassemblement National qui les condamne avec la plus grande fermeté."Djamel Boumaaz, élu en 2014 conseiller municipal à Montpellier sur la liste du Front National, avait par la suite quitté le parti.En conséquence, le Rassemblement National retire son investiture et son soutien à la liste sur laquelle figure en troisième position M. Djamel Boumaaz.
Jean-Louis Cousin explique avoir découvert la présence de Djamel Boumaaz vendredi 28 février, après la présentation des co-listiers d'Olaf Rokvam, le candidat soutenu par le Rassemblement National à Montpellier, à la presse et après le dépôt de la liste à la préfecture.
Selon le délégué de l'Hérault, quand Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National, en a eu connaissance, elle a décidé immédiatement de retirer l’investiture à Olaf Rokvam.
Le délégué départemental RN regrette ce mauvais choix et pense qu’ au minimum, Olaf Rokvam a péché par naïveté : "Je ne comprends pas qu’il ne se soit pas renseigné avant".Mieux vaut retirer la liste que d’avoir ce genre d’individu, qui peut entacher l’image nationale du parti, a résumé Jean-Louis Cousin.
Le Rassemblement National reproche à Djamel Boumaaz ses propos antisémites.J'ai appris (la place de Djamel Boumaaz) vendredi après-midi. Les places (sur la liste) ayant changé, les colistiers de monsieur Rockvam se sont inquiétés et m'ont prévenu.
Olaf Rokvam se désolidarise de Djamel Boumaaz ...
Dans un communiqué, Olaf Rokvam annonce sa rupture avec Djamel Boumaaz, qui lui aurait "menti pendant toute la campagne jusqu’au dépôt définitif des listes".
Et de préciser que son compte twitter, géré jusqu'à présent par Djamel Boumaaz, était bloqué.
"Monsieur Boumaaz, qui devait sans doute savoir que les choses se termineraient comme cela, a bloqué mon compte twitter et donc je vous demande de ne pas ternir compte de ce qui est communiqué par celui-ci depuis samedi 29 février."
Jamais je n’ai soutenu ce monsieur concernant toutes ses exactions, bien au contraire ce sont des valeurs que j’ai toujours combattues. Ce monsieur est condamnable.
Olaf Rokvam va porter plainte contre Djamel Boumaaz pour "usurpation d'identité", par rapport à la gestion de son compte twitter.
Djamel Boumaaz vient de ruiner en un week-end quatre mois de campagne et mettre 63 colistiers dans le désarroi.
Le candidat termine son communiqué en présentant ses excuses à ses co-listiers.
Olaf Rokvam souhaite cependant pouvoir poursuivre la campagne et attend l'autorisation du Rassemblement National pour utiliser le matériel de campagne jusqu'au premier tour des élections municipales.
S'il obtient, comme il l'espère au moins 10% des suffrages exprimés le 15 mars, il pourra alors fusionner avec un autre candidat et remodeler sa liste, sans Djamel Boumaaz.
... après plusieurs mois de travail en commun
La volte-face d'Olaf Rokvam est un peu surprenante : vendredi 28 février, à la présentation de sa liste, on pouvait voir un Djamel Boumaaz, numéro 3 des co-listiers, tout sourire.
Ainsi que le relate le site actu.fr/métropolitain, Djamel Boumaaz a présenté ses excuses à ceux que ses actions passées ont pu choquer, expliquant qu'il avait fait des "erreurs" et qu'Olaf Rokvam lui avait "pardonné".
Dans un communiqué publié le lendemain, Djamel Boumaaz remerciait Olaf Rokvam "d’avoir compris" sa "démarche" et de reconnaître son "militantisme" en lui "proposant la 3ème place de sa liste".
Quelques jours plus tôt, c'est dans une longue interview sur agglo.tv (à 17 minutes 52 secondes) que le conseiller municipal d'opposition revenait sur sa relation privilégiée avec la tête de liste du Rassemblement National à Montpellier.
Je l'ai rencontré à plusieurs reprises, on a beaucoup discuté, il a entendu des histoires sulfureuses à mon égard et on a commencé à travailler sur des thématiques et il a découvert le personnage que j'étais réellement.
En résumé, en un week-end d'intervalle, des visions pour le moins différentes des relations entre les deux hommes.
Djamel Boumaaz, un agitateur de la politique locale
Sur sa page twitter, dont les messages sont réservés à ses abonnés, Djamel Boumaaz se présente en ces termes : "conseiller municipal #Montpellier Imprévisible, provocateur, politique voire politicien jusqu'au bout des ongles".
Chauffeur de bus, ex-syndicaliste, il s'est lancé en politique en 2014, numéro 2 sur la liste FN, derrière France Jamet.
Elu conseiller municipal d'opposition en 2014 sur la liste Front National, il quitte ensuite le parti et siège sans étiquette au conseil municipal et au conseil de la métropole de Montpellier Méditerranée.
Parmi ses prises de postition controversées, le décrochage du drapeau arc-en-ciel installé devant la mairie de Montpellier, le 18 mai 2016, au lendemain de la journée mondiale de la lutte contre l'homophobie et la transphobie.
Djamel Boumaaz a décroché le drapeau LGBT de son mât avant de l'enterrer partiellement, devant les journalistes.
Le conseiller municipal entendait ainsi "alerter l'opinion publique sur le lobby LGBT", qui infiltre "institutions, collectivités, écoles et bientôt nos crèches".
Il a été condamné à 6 mois de prison avec sursis le 21 février 2019 et 5 ans d'inégibilité.
Condamnation dont l'élu a immédiatement fait appel.
En mars 2019, Djamel Boumaaz défraie la chronique municipale en adressant une "quenelle", le geste popularisé par le polémiste Dieudonné, à Philippe Saurel, lors d'un vote sur la protection juridictionnelle des élus.
Djamel Boumaaz fait référence à une plainte envisagée par le maire de Montpellier contre Dieudonné et explique que son geste est "antisystème" et pas "un geste nazi à l'envers" comme il est en général interprété.
En juillet 2019, c'est une photo postée sur le compte twitter de Djamel Boumaaz pour ses 40 ans qui faut polémique : le gâteau représente un drapeau nazi, rouge et blanc avec une croix gammée.
Djamel Boumaaz a expliqué que cette photo vieille de deux ans a réapparu pour le discréditer et qu'il a refusé ce gâteau offert par un de ses amis.