Municipales 2020 : les trois candidats de Montpellier signent une charte pour protéger les arbres contre le béton

La liste dirigée par Mohed Altrad, celle du maire sortant Philippe Saurel et celle menée par Michaël Delafosse ont toutes accepté de signer la charte de bonne conduite environnementale proposée par l'association montpelliéraine "Non au béton" pour préserver arbres et zones vertes dans la métropole.

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C'est un joli coup qu'a réussi cette semaine l'association montpelliéraine "Non Au Béton" : faire signer une charte de bonne conduite environnementale en quelques jours aux trois candidats en lice pour le second tour des élections municipales à Montpellier.

Pour l'association, il s'agit de faire respecter aux promoteurs les règles de protection des arbres et de protéger des zones vertes dans la métropole montpelliéraine: l'aqueduc de Saint-Clément, la zone d'aménagement différée (ZAD) Vincent Auriol et le Collège des Ecossais.

Alain Berthet, avocat de profession et porte-parole de "Non au béton", explique que ces signatures sont la concrétisation d'années d'efforts pour sensibiliser les hommes politiques aux questions environnementales, au-delà des questions partisanes.

L'élection municipale, c'est une fenêtre de tir. On l'a utilisée en 2008 pour stopper les projets d'urbanisation sur la ZAD Vincent Auriol, en 2014 aussi. Cette année, on va plus loin.

Alain Berthet, porte-parole de l'association "Non au béton".

 

Préserver les arbres et les zones vertes

L'idée d'une charte de bonne conduite environnementale, couplée à une lettre d'engagement est née d'un constat : les règles d'urbanisme protégeant les arbres ne sont pas appliquées par la plupart des promoteurs, selon l'association.

Un constat réalisé sur deux projets à Montpellier, contre lesquels elle a d'ailleurs déposé des recours en justice, rue de Fontcarrade et rue Enclos des brosses.

"Si on a constaté des manquements sur deux projets, on se doute bien qu'il doit y en avoir d'autres", précise Alain Berthet.

Les règles existantes sont bafouées, ça nous a beaucoup énervés et on a trouvé une idée qui ne coûte rien à la collectivité.

Alain Berthet, porte-parole de l'association "Non au béton"

 


Les services de l’urbanisme imposent bien la replantation d’un ou deux spécimens pour chaque arbre abattu. Mais il ne s’agit pour le promoteur que de formalités déclaratives, soumises à aucun contrôle de la part des services d’urbanisme.

« Cela conduit à une destruction massive d’arbres adultes et de hautes tiges, qui n’est pas compensée, ni en nombre ni en taille, par la plantation d’arbrisseaux ou d’oliviers en pots », explique l’association.
Il faudrait donc préserver un maximum d’arbres adultes en ville, mais aussi en replanter bien plus pour compenser la perte au niveau de l’imperméabilisation des sols.

Une charte contraignante...

La charte prévoit un constat d’huissier préalable à tout projet détaillant le nombre, l’espèce, la taille et l’emplacement des arbres existant, puis un autre constat à l’issue de l’aménagement afin de vérifier le nombre d’arbres abattus et ceux replantés.
 En cas de non-respect de ces dispositions, le permis de construire ou la validation d’achèvement des travaux ne seront pas délivrés.

« Le service d’urbanisme de la collectivité locale concernée aura interdiction de délivrer le permis ou de valider la déclaration d’achèvement aussi longtemps que le constat d’huissier ne lui aura pas été remis. »
La charte précise enfin que les copies des constats d’huissier et les plans pourront être consultés par les associations agréées de protection de l’environnement, « sur simple demande écrite.»

... et une lettre d'engagement

Les candidats ont également signé une lettre précise, dans laquelle ils s'engagent à faire respecter, une fois élus, la charte de bonne conduite environnementale par les services d'urbanisme.

La préservation de la ZAD Vincent Auriol au nord de Montpellier, avec la construction d'un "agriparc" (zone de production agricole à proximité des villes et accessible au public) de 20 hectares minimum, l'entretien et la mise en valeur de l'aqueduc Saint-Clément et la sanctuarisation du Collège des Ecossais sont également prévus noir sur blanc.

L'accord de tous les candidats

L'incertitude des résultats du second tour à Montpellier, avec trois listes et peu d'écart entre les candidats, a sans doute favorisé l'engagement des politiques. Mais l'idée d'urbaniser autrement en préservant l'environnement est aussi entrée dans les préoccupations des citoyens.

La vidéo, tournée par "Non au béton" lors de la signature de Philippe Saurel ce lundi 15 juin, illustre le chemin parcouru par les hommes politiques sur les questions d'environnement.

"Quand on a fait 15 ans de mandat dans une ville en perpétuelle expansion en tant qu'adjoint à l'urbanisme, c’était un raisonnement. En 2014, on a pris et tenu d'autres engagements", reconnaît Philippe Saurel, qui a eu des rapports tendus avec "Non au béton" à sa création en 2007.

La crise nous pousse à aller plus vite.

Philippe Saurel, maire sortant de Montpellier et candidat à sa réélection.

 

Comme tous les candidats à la mairie de Montpellier, Philippe Saurel a signé la charte de bonne conduite environnementale élaborée par l'association ©Association

Michaël Delafosse, candidat socialiste soutenu par Europe Ecologie Les Verts, raille le "ralliement tardif" du maire sortant à la protection de l'environnement. "J'ai toujours soutenu les opposants au projet Oxylane à Saint-Clément-de-rivière, dont "Non au béton" font partie." 

Je défends les commerces de proximité, la vie de quartier, c'était logique pour moi de signer cette charte de bonne conduite environnementale.

Michaël Delafosse, candidat PS-EELV à la mairie de Montpellier.

Michaël Delafosse signe la charte et la lettre d'engagement mercredi 17 juin à 17h.

La liste Mohed Altrad - Alenka Doulain - Clothilde Ollier a paraphé la première, samedi 13 janvier, la charte de bonne conduite environnementale élaborée par l'association.

13 ans d'action pour préserver l'environnement

L’association "Non au béton" a été créée en 2007 par opposition aux projets d’urbanisation de la ZAD Vincent Auriol, près d’Agropolis. Elle a bien vite élargi son action à d’autres actions de protection de l'environnement et du patrimoine, comme la lutte contre le projet Oxylane, porté par le groupe Décathlon à saint Clément-de-Rivière.

Pour l'association, la charte de bonne conduite environnementale signée à Montpellier a vocation à s'exporter dans les autres communes de la métropole et du département de l'hérault.

Les trois candidats se sont d'ailleurs aussi engagés à la promouvoir, s'ils sont élus. 

 

Projet Oxylane : le combat continue
Le projet Oxylane à Saint-Clément-de-rivière, c'est la construction d'une vaste zone commerciale sur des terres agricoles. 
De nombreux recours ont été déposés devant les tribunaux par un collectif d'associations, Oxygène, et par l'association "Non au béton".
Les opposants à ce projet placent notamment leurs espoirs sur un recours déposé par "Non au béton" contre le permis d’aménagement modificatif délivré par la mairie de Saint-Clément-de-Rivière, en 2018.

Ce projet a été approuvé par la mairie de Saint-Clément-de-Rivière en 2014. Il consiste à regrouper sur 24 hectares des enseignes commerciales, dont bien sûr Décathlon, mais aussi des terrains de sport et un parc accrobranche. Selon les promoteurs, quelques 200 emplois pourraient être créés. Mais les opposants dénoncent depuis le début la bétonisation anachronique de terres agricoles et d’espaces boisés. 
 
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