C'est une équation insoluble à laquelle est confrontée la banque alimentaire : comment répondre aux besoins en augmentation d'une population en grande précarité alors qu'elle dispose de moins de denrées alimentaires ? L'association n'arrive plus à fournir et cherche des solutions.
C'est un cri d'alarme que pousse la Banque alimentaire, sorte de hub logistique qui collecte les denrées qu'on leur donne, les trie, les stocke et les redistribue aux partenaires associatifs qui eux, donnent aux bénéficiaires.
Dans l'Hérault, la Banque alimentaire fournit 140 partenaires, 70 associations comme la Croix Rouge ou le Secours Catholique et 70 CCAS (Centre communal d'action social). Des partenaires qui ont vu le nombre de bénéficiaires exploser de 50%. Problème : l'approvisionnement ne suit pas. La Banque alimentaire a notamment de grosses difficultés pour récupérer des produits frais ainsi que des fruits et légumes auprès des grandes surfaces qui donnent habituellement leur surplus.
Nous n'arrivons plus à fournir. La grande distribution n'hésite plus à vendre à moitié prix des produits en date limite de péremption. C'est l'effet de la lutte contre le gaspillage et au final elle nous donne beaucoup moins car elle gère à flux tendu.
La piste des agriculteurs
L'association cherche des solutions pour s'approvisionner directement auprès des agriculteurs locaux. "Le problème, c'est qu'eux aussi font face à des difficultés. Ils ont été très touchés par le gel et leur situation est critique" explique Régis Godard. La Banque alimentaire étudie aussi la piste des industries agroalimentaires mais il en existe peu dans l'Hérault.
Collecte généreuse des particuliers
En revanche, les collectes auprès des particuliers ont elles bien fonctionné. "Au printemps 2020, il n'a pas été possible à cause de la crise sanitaire d'organiser de collecte. Nous n'avions plus rien en stock. Mais celle de novembre a très bien marché. Les dons en produits secs ont augmenté de 10%." précise Régis Godard.
Pour mener à bien ces collectes, la Banque alimentaire a tissé depuis plusieurs années des partenariats nationaux qui font appel à la solidarité des jeunes au travers du service national universel (SNU), de la réserve civique ou d'autres associations locales. Et ce fut un succès.
La prochaine collecte est prévue à Montpellier et Béziers le week end du 5 et 6 juin 2021.
Les Restos du coeur : une nouvelle vague de bénéficiaires
En Occitanie, les Restos du coeur ont vu une explosion de leur bénéficiaires. En 2019, l'association de Coluche avait distribué en 5 semaines de campagne d'été, quelque 556 450 repas. En 2020, ce chiffre a explosé pour passer à 830 965 repas, soit une augmentation de 49%.
Nous avons vu arriver de nouveaux publics. Les étudiants qui n'avaient plus de petits boulots mais aussi les travailleurs saisonniers qui se sont retrouvés dans une situation préoccupante ou encore des familles ont grossi les rangs de nos bénéficiaires qui sont venus prendre les repas distribués dans la rue.
Mais là où l'explosion est la plus flagrante, c'est sur les colis de dépannage pour les gens qui ne sont pas inscrits dans le centres et qui viennent les solliciter : "Nous sommes passés de 1.800 à 4.940 colis sur les 16 semaines de la période d'hiver. Et cet été, nous prévoyons de monter à plus de 9.000 ! Ce qui nous attriste dans le profil des bénéficiaires, c'est qu'il y a 46% de personnes seules et les moins de 25 ans représentent 50,3% de la population accueillie cet hiver" explique Joël Papon, le Président des Restos du coeur pour l'Hérault.
Un partenariat a été conclu avec le Crous de Montpellier car les besoins sont criants. Un centre de restauration a été ouvert et le restera au moins jusque fin 2022.
Aucune difficulté d'approvisionnement
Malgré cette inflation du nombre de bénéficiaires, les Restos du coeur ne rencontrent pas de difficultés pour se fournir en denrées alimentaires car l'association n'a pas le même circuit d'approvisionnement que la Banque alimentaire. "Nous faisons aussi de la ramasse dans les grandes surfaces mais beaucoup moins que la Banque alimentaire. Nous avons aussi un système de collectes auprès de particuliers. Mais nous achetons beaucoup de nos produits frais et les aides de l'Europe ont doublé avec le Covid. Nous pouvons maintenir notre activité jusqu'à la fin de l'année malgré l'augmentation du nombre de bénéficiaires" précise Brigitte Lefrançois, déléguée régionale Occitanie des Restos du coeur.
Des besoins humains et financiers
Les Restos du coeur sont en revanche à la recherche de bénévoles. "Nous avons besoin de renforcer nos équipes et peut-être même de les doubler dans certains centres comme celui du Petit Bard à Montpellier où 1.095 familles sont inscrites." détaille Joël Papon, Président des Restos du coeur de l'Hérault.
L'association va aussi lancer un appel aux dons pour du matériel. Elle va devoir trouver des fonds pour investir notamment dans un nouveau camion frigorifique. Un achat à 65 000 euros.