Avec un mois de mai chaud, ensoleillé et déconfiné, beaucoup de particuliers ont craqué pour une piscine. En vente immédiate, en location ou bien en projet pour 2021, la demande a explosé après le 11 mai, racontent les professionnels du secteur.
L'enfermement forcé, la peur de ne pas partir en vacances ou d’une nouvelle vague du virus… De nombreuses raisons peuvent pousser la population d'Occitanie à vouloir profiter d’une piscine à la sortie du confinement. De nombreux piscinistes ne cessent de recevoir des appels, sans pour autant pouvoir répondre à toute la demande.
"Les gens se ruent sur les piscines pas chères"
L'interdiction des plages et la fermeture des piscines publiques à cause de la crise sanitaire, assorties aux fortes chaleurs du mois de mai, ont décuplé l'envie de nombreux particuliers de se rafraîchir dans une piscine à la sortie du confinement. De nombreux professionnels du secteur l'ont constaté : la demande de devis et d'installation de piscine a bondi.
La plupart des clients se sont tournés vers une solution rapide, qui puisse s'installer immédiatement, et à petit budget, comme les piscines gonflables, hors-sol ou en coque, plus rapidement accessibles. Chez Cash Piscine, à Montpellier ou à Béziers, les magasins sont "blindés de clients". Les rayons concernés ont été dévalisés.
Chez Hydro Sud, à Montpellier, le téléphone n'a pas arrêté de sonner dès le lundi 11 mai, jour du déconfinement :
Les gens vraiment se ruent sur les piscines pas chères. On a eu une grosse demande de spa et de piscine gonflable, alors que l'on n'en vend même pas! En 10 ans dans la piscine, je n'ai jamais vu ça.
"On est sous l'eau"
Mais cette envie soudaine de plonger dans l'eau se heurte aux délais de livraison et de mise en place d'une piscine. "La piscine, c'est un caprice de grande personne, explique Aymeric Lanoy, pisciniste à Nîmes. Déjà, une piscine ça ne se fait pas du jour au lendemain, mais en plus, on a eu pas mal de difficultés d'approvisionnement chez les fournisseurs à cause du Covid."
Pour les piscinistes qui construisent ou installent des bassins en terre, le processus est en effet bien plus long et réfléchi. Or, certains veulent quand même leur piscine avant la fin de l'été. "On est submergé en ce moment, explique-t-on chez le constructeur Diffazur à Montpellier. On est face à une grosse demande qui correspond aussi au pic de la saison. On ne pourra pas répondre à toutes les demandes d’ici la fin de l’été, selon le projet."
Il y a eu un véritable regain d'intérêt pour la piscine à la fin du confinement. Les demandes de devis ont doublé, voire triplé. Les gens ont eu du mal à occuper les enfants, ou bien, comme on a beaucoup parlé de faire du sport, certains pensent à faire un couloir de nage ou à la nage en contre-courant. D'autres projets sont prévus pour 2021, mais les clients, après cette épidémie qui pourrait se reproduire, se disent "Je ne passerais pas un été de plus sans ma piscine".
Les piscinistes n'ont-ils pas connu la crise ? Si, répond-on chez un petit pisciniste à Pérols, près de Montpellier. Débordés aujourd'hui, ils ont souffert du manque à gagner imposé par le confinement :
On a pas travaillé pendant un mois et demi. Le carnet de commande était plein jusqu’en juillet dès février, donc il y a eu une vraie perte de chiffre d’affaire. On partait sur une bonne année, et résultat on fait une année viable.
Boom de la demande de location
Le marché saturé, ne pouvant acheter, certains particuliers se sont tournés vers la location. Sur une plateforme comme Swimmy, jeune start-up française, une famille peut réserver une journée dans la piscine d'un propriétaire qui la met à disposition à partir de 12 à 20 euros par personne.
Depuis le déconfinement, les demandes de réservations sur le site ont été multipliées par 10 pour les piscines d'Occitanie.
En Occitanie, en mai 2019, nous avions pu compter 20 demandes de réservations. Sur la même période cette année, nous en comptons 210. La plupart de nos propriétaires nous expliquent devoir refuser des réservations : la demande est parfois 3 à 4 fois supérieure à leurs capacités d’accueil.
Tony, propriétaire d’une piscine qu’il met en location depuis plusieurs années à Sainte-Juliette (82), est overbooké pour le mois de juin. Il a dû refuser des demandes. "L’année dernière, on n’avait pas eu de réservation en mai, à cause de la météo", ajoute-t-il.
Raphaël, habitant le centre de Toulouse, a choisi cette option parce qu'elle lui permet de prendre "un bain d'oxygène" : "Je suis un citadin, habitué des piscines publiques, mais louer une piscine c'est aussi se mettre au vert."
En mai 2019, une seule réservation avait été enregistrée dans l’Hérault, contre plus d’une trentaine cette année. Un boom que la fondatrice, Raphaëlle de Monteynard, explique par la météo tout autant que par le déconfinement.
Le succès de ce début de saison, c'est grâce au beau temps, mais aussi au fait que beaucoup de personnes sont restées confinées entre elles et que notre plateforme pouvait permettre de se retrouver à moins de 100 kilomètres de chez soi dans une piscine privée.
L'effet confinement a confirmé une tendance déjà bien installée chez les Français ; la France est le premier marché européen de la piscine, avec 2,5 millions de piscines individuelles en 2018.