Patricia Mirallès, députée de l'Hérault : "Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter des menaces de décapitation"

La députée LREM Patricia Mirallès a reçu douze menaces de mort depuis son élection en tant que députée de l'Hérault en 2017. Des messages anonymes très violents, qui lui reprochent son activité parlementaire, notamment ses engagements en faveur du pass sanitaire et du vaccin contre le Covid-19.

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Deux menaces de mort cette semaine. Douze en tout, depuis son élection en 2017. Patricia Mirallès, députée LREM de l'Hérault, reçoit régulièrement des messages violents et menaçants. Le dernier en date est particulièrement glaçant : "je vais venir chez toi, je vais t'égorger comme un lapin." Plusieurs députés de la majorité ont reçu un courrier similaire. 

Un quotidien dans l'angoisse

Patricia Mirallès refuse de se laisser intimider, mais considérant la récurrence et la violence de ces menaces, la députée a bien dû aménager son quotidien. D'abord, renoncer à l'agenda que la plupart des représentants politiques mettent à disposition du public. "Ca permet aux gens de venir nous rencontrer s'ils le souhaitent, mais je ne peux plus le faire. Je ne peux pas me permettre de mettre en danger des personnes si ces menaces passent à exécution", regrette-t-elle. "Je dois travailler dans le secret, en quelque sorte".

Je suis inquiète pour mes parents, mes enfants, mon mari. Et même pour mes collaborateurs. Ce sont mes employés, mais ils subissent le même risque que moi lorsqu'ils m’accompagnent.

Patricia Mirallès, députée de l'Hérault.

L'aménagement du quotidien touche aussi les déplacements de la députée. Par précaution, elle change d'itinéraire chaque jour. Elle a aussi le réflexe de regarder davantage dans ses rétroviseurs, "plus que le nécessaire, pour vérifier queje ne suis pas suivie par une voiture ou une moto". "Ce sont des choses perturbantes, parce qu'on doit travailler, penser à son prochain rendez-vous, et en même temps il faut se préoccuper de ça !"

Lorsque la députée se rend à des événements publics, tout doit être parfaitement calé à l'avance. "Il faut que la police sache où je vais et quand", explique-t-elle. Malgré cette organisation complexe, Patricia Mirallès n'envisager pas de diminuer ses activités, ou d'y renoncer. "Je ne peux pas ne pas venir, c'est mon engagement. Mais c'est surtout le fait de mettre d'autres personnes en danger qui m'angoisse."

La responsabilité de la "désinformation"

Mais pourquoi la députée fait-elle l'objet de ces menaces ? Les messages concernent principalement son activité parlementaire, et son engagement pour la vaccination contre le Covid-19, mais aussi son vote en faveur du pass sanitaire. Selon la députée, les menaces émanent d'un même "groupuscule". "Ce sont les mêmes personnes qui sont contre tout. Ils sont relativement organisés. Ils ne font pas ça seuls."

Face à cette violence, la députée oscille entre l'incompréhension et la combativité. "Dans l'un des derniers messages, on me reproche d'avoir "voté en mon âme et conscience une loi la nuit et pendant les vacances"... Mais l'Assemblée a toujours fonctionné comme ça ! Quand on ne va pas à l'hémicycle, on nous reproche de ne pas être courageux, et quand on vote, on nous le reproche aussi, alors que c'est notre travail !"

Patricia Mirallès s’inquiète de la "désinformation" autour des sujets de santé. "On n’arrive pas à expliquer par a+b à ces gens que ce qu’ils disent, c’est faux ! Ils sont persuadés que les données qu’ils ont sont les bonnes, et qu’on cache je ne sais combien de décès dus au vaccin... A partir de là, on n’y arrivera pas !"

En ligne, une violence anonyme et insidieuse

Ce jeudi, les députés LREM Christophe Blanchet (Calvados) et Jean-Michel Mis (Loire) ont reçu le même message que Patricia Mirallès. Tous trois ont déposé plainte.

La députée s'inquiète de la violence décomplexée qui sévit sur Internet, et surtout, des effets que celle-ci peut avoir dans la réalité. Elle mentionne le cas de Dinah, une jeune fille de 14 ans, qui s'est suicidée début octobre après des mois de harcèlement en ligne.

Être face à un écran noir qui vous menace en permanence, vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point c’est frustrant. Moi j’aimerais bien discuter avec ces personnes-là. Mais je ne sais pas qui ils sont, ils ne me connaissent pas, ils me menacent de mort, ils ne savent pas le travail que je fais au quotidien.

Patricia Mirallès, députée de l'Hérault.

"Je m'engage en politique pour aider les autres, et peu importe pour qui ils votent. Alors je me pose encore la question de ce que j’ai pu faire de mal pour qu'on me menace de me décapiter, de me tuer par balles, de m’égorger comme un lapin. Ce sont des mots très durs que je ne mérite pas, ni mes collègues, d’ailleurs".

Patricia Mirallès se dit "déterminée" face à ces menaces. Elle dit préférer vouloir consacrer son énergie à son travail de députée autour du Covid long, et à gérer ses propres douleurs liées à la maladie. Toutefois, elle affirme tout faire pour aider les enquêteurs. "On ne peut plus laisser faire ça, que ce soit envers des politiques, des jeunes, des enseignants... Personne ! C’est inadmissible."

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