En plein débat sur les arrêtés municipaux anti-pesticides, près de Montpellier, des habitants souffrent de l'usage intensif de produits phytosanitaires et de techniques d'épandage importantes.
Aux alentours de Montpellier, Eve Fouilleux, cavalière, se promène régulièrement dans les vignes. Mais à plusieurs reprises, elle est obligée de rebrousser chemin :
Quand le viticulteur a épandu ses pesticides sur les vignes, ça pue, il y a comme une odeur de lessive qui aurait tourné. Quand je sens ça, évidemment, je n'ai pas envie de rester dedans donc je fais demi-tour, décrit-t-elle.
Les riverains souffrent de l'usage des pesticides jusque dans les habitations. André Martini habite face à un champ où il y avait des tournesols. Il est encore choqué par les techniques d'épandage hors-norme de la semaine dernière. Il a observé "un nuage énorme d'épandage", décrit-il.
"Un témoignage banal"
Plus d'une dizaine de traitements sont faits chaque année dans ce champs. Sans avoir été prévenu, à chaque fois c'est le même rituel. Alors que Martine Martini a déjà des difficultés respiratoires, elle doit fermer les fenêtres en catastrophe. Je sens bien que ça fait du mal et pas seulement à moi, mais à mes petits-enfants aussi, mes voisins. Mon témoignage est un témoignage banal, insiste-t-elle.
"Comme ils utilisent des machines extrêmement puissantes, les projections vont jusqu'aux maisons et ça ressemble vraiment à des cordes de pluie", fait remarquer Nathalie Ascione, riveraine. Au 1er janvier 2020, le gouvernement compte interdire l'usage des pesticides à moins de 5 mètres des habitations pour les cultures basses, et à moins de 10 mètres pour les cultures hautes. Une mesure jugée insuffisante :
10 mètres, c'est ridicule, ça ne veut rien dire. Pour éviter toute projection, il faudrait une distance de 100 ou 150 mètres, souligne Nathalie Ascione.
Pour Manu Reynaud, porte-parole d'Europe Ecologies les Verts, à Montpellier, si cette mesure ne va pas assez loin, elle est le signe d'une prise de conscience face à la "fronde des maires" :
Le gouvernement reconnaît enfin que les pesticides sont dangereux puisque lorsqu'on met une zone de protection, peu importe le nombre de mètres, on reconnaît qu'il y a une matière dangereuse.
Une consultation sera lancée lundi 9 septembre pour fixer la distance minimale entre les champs traités aux pesticides et les habitations. Cette consultation doit prendre la forme d'un projet de décret, qui sera publié lundi sur le site internet du ministère, et qui sera ensuite discuté pendant trois semaines, explique Franceinfo.