Si l'Etat a volé au secours financier des boulangers, ce sont désormais les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration qui demandent des aides au gouvernement pour payer leurs factures d'électricité ou de gaz. Le tourisme en Occitanie, c'est plus de 109 000 emplois et 16 milliards d'euros par an.
Une aide pour les boulangers, mais quid de l'hôtellerie-restauration ?
Au ministère de l'Economie, on souligne que les différentes aides mises en place par le gouvernement, dont l'amortisseur électricité appliqué directement par les fournisseurs d'énergie, ainsi que le report de charges fiscales et sociales, "sont ouvertes aux boulangers, aux restaurateurs, aux bouchers et à n'importe quel autre secteur qui remplirait les critères d'éligibilité".
Pour être éligible à ces aides pour une période donnée, une entreprise doit notamment avoir eu des dépenses d'énergie supérieures à 3% de son chiffre d'affaires de 2021 et avoir subi une augmentation d'au moins 50% du prix de l'énergie par rapport au prix moyen payé en 2021.
Le secteur de la restauration réclame "un bouclier tarifaire pour toutes les entreprises, sans conditions".
Les factures flambent
A Perpignan, Aurélien, restaurateur, n'en revient pas. Sa facture d'électricité est passée de 703 euros en octobre dernier à 11 791 euros en décembre. Son fournisseur a renouvelé son contrat pour deux ans sans l'informer, selon lui, de cette hausse considérable.
Je payais le kilowatt/heure 0,5 euro en heure pleine en octobre, c'est 2,65 euros en décembre. On ne peut pas supporter une telle hausse. Il y a déjà les prix des matières premières et des aliments qui a flambé. Trop, c'est trop. On ne va pas pouvoir tenir.
Aurélien Potard, gérant d'un restaurant à Perpignan
D'où la demande des syndicats professionnels de la mise en place d'un bouclier tarifaire. "Il faut un amortisseur pour sauver nos entreprises. 90% des patrons sont en difficulté surtout après le Covid, avec nos dettes et la baisse du pouvoir d'achat de nos clients. Là, c'est la 3e couche, celle de trop" explique Brice Sannac, le représentant de l'UMIH 66, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie des Pyrénées-Orientales.
"La catastrophe, c'est pour mars"
Le président de l'l'UMIH de l'Hérault était l'invité du 19/20 de France 3 Occitanie, ce 4 janvier 2023. Lui aussi demande des aides plus efficaces au gouvernement.
Mais pour Jacques Mestre, le pire est à venir si le gouvernement ne fait rien. "Si on ne supporte pas les hausses des charges, on fera faillite. On est à l'agonie. Je vous donne rendez-vous en mars, là ce sera la catastrophe car beaucoup de nos commerces n'auront pas pu survivre".
On va essayer de tenir le coup. Dans l'Hérault, on est la première industrie. Quand il n'y a pas de bar, de restaurant et de touriste, on est cuit. Mais à ce rythme, on va devoir fermer. Et là, l'Etat n'aura plus de TVA, de cotisations URSSAF et nos employés seront au chômage.
Jacques Mestre, président de l'UMIH 34
Le secteur de l'hôtellerie-restauration représente 10% du PIB de la région Occitanie.
Une réunion jeudi à Paris
Les représentants des restaurateurs, qui réclament des aides pour payer leurs factures d'énergie, seront reçus jeudi 5 janvier à 17h par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et la ministre déléguée aux PME Olivia Grégoire, a annoncé Bercy ce mercredi.
Le chef Thierry Marx, président du principal syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration, l'UMIH, se rendra à la réunion "dans un esprit constructif", mais il "met en garde le gouvernement", car "la situation est devenue intenable pour nombre d'établissements. Des aides existent, mais elles concernent très peu de nos entreprises ou alors à un niveau bien trop faible pour que cela soit efficace", a-t-il déclaré à l'AFP.
Il demande "la mise en place d'un nouveau contrat d'énergie responsable à un tarif réglementé" et attend "du gouvernement qu'il contraigne les fournisseurs d'énergie à jouer le jeu".