Aux assises de l'Hérault à Montpellier, l’avocat général Jean-Marc Soriano a requis la perpétuité à l’encontre de Hicham El Moutaouakil, l’un des accusés de l'enlèvement et du meurtre de Sofiane Perrin. Pour les autres, des peines de 22 à 30 ans ont été requises.
5 hommes sont sur le banc des accusés. L’avocat général Jean-Marc Soriano commence son réquisitoire par les cas de Hicham El Moutaouakil et Adame Reghi. Ce sont eux, les auteurs des coups, ce sont eux qui, pendant deux jours, ont fait vivre l’enfer à Sofiane Perrin et son ami Edouard. Ils étaient sur les lieux et pouvaient arrêter à tout moment. Hicham El Moutaouakil, 37 ans, est un récidiviste, déjà condamné à deux reprises pour violences aggravées. Le qualifiant de danger pour la société, l’avocat général requiert contre lui la perpétuité, et 22 ans de réclusion pour Adame Reghi.
Pour le commanditaire Anouar Taibi, c’est une peine de 30 ans de prison qui est requise. Bien qu’il n’était pas sur place, il est à l’origine de cette nuit sanglante. Lui aussi est un récidiviste, condamné 22 fois entre 2006 et 2014.
L’un des accusés expulsé
A l’évocation de son nom, Djamel Fellah s’emporte, se lève et traverse le box pour le quitter, son escorte policière s’interpose. Il sera finalement expulsé (pour la deuxième fois depuis le début du procès) par la présidente du tribunal. L’avocat général reprend son réquisitoire : Djamel Fellah a commis ces crimes alors qu’il était en libération conditionnelle. 30 ans de réclusion sont requis contre lui.
Enfin, le dernier accusé Seif Taïbi est jugé pour un délit : ne pas avoir dénoncé et empêché ce crime bien qu’il n’y ait pas directement participé. L’avocat général requiert une peine de deux ans de prison contre lui, notamment en raison de son long passé judiciaire.
"Le procès de barbares et de lâches" pour les parties civiles
Ce réquisitoire a fait suite aux plaidoiries des avocats de la partie civile. Maître Mikaël D’Alimonte, l’avocat d’Edouard A. la deuxième victime, a rappelé les responsabilités des uns et des autres et surtout le calvaire, la torture subis par son client : “Je vous demande de ne pas oublier le corps d’Edouard : les menaces d’être brûlé, d’être violé par une personne malade du sida, la contrainte de violenter Nicolas”. Il rappelle les derniers mots de Sofiane, entendus par Edouard : “Aide moi Edouard, j’ai peur, je ne veux pas mourir” et son espoir à l’issue de ce procès : “passer de survivant à vivant”.
Puis c’est au tour de maître Luc Abratkiewicz, l’avocat de la mère et de la sœur de Sofiane Perrin, de prendre la parole en s'adressant aux accusés : “Je m’appelle Sofiane, je vous regarde droit dans les yeux et je n’ai plus peur de vous.” Il revient longuement sur cette nuit d’horreur et ces 13 heures de torture qui aboutissent à la mort de Sofiane : “ce procès, c’est le procès du supplice de Sofiane, le procès de l’inhumanité”.
Une famille digne face à ses bourreaux
Cette avant-dernière journée de procès a débuté ce matin par la prise de parole des membres de la famille de Sofiane.
Sa sœur Hourya Perrin a raconté sa famille, pleine d’amour et très soudée depuis le départ de leur père : “Ce 30 mars, tout s’est écroulé." Elle étouffe un sanglot et ajoute : “ je me suis promis de ne pas pleurer devant les bourreaux de mon frère. Nous, nous sommes dignes, contrairement à eux.”
Laurence Perrin, la mère de Sofiane, prend ensuite la parole à la barre. La gorge serrée par l’émotion, elle raconte son fils la voix brisée.. Elle s’arrête, reprend de la force et se tourne vers les accusés : “je n’aurais pas dû écouter les trois-quarts de ce procès. Maintenant je sais comment mon Soso est mort. Que la justice face son travail, moi je m’en remets à Dieu et j’espère qu’ils seront sévèrement punis”.
Les plaidoiries des huit avocats de la défense se succéderont jusqu'à mardi. Le verdict est attendu mardi 16 mars en fin de journée.