Le 0806.23.10.63, actif depuis un an, s'adresse aux personnes attirées par les enfants. Le but est d'éviter tout passage à l'acte et d'assurer un suivi psychiatrique. Il était expérimenté depuis un an dans cinq régions françaises dont l’Occitanie.
Eviter l'irréparable en prenant le problème à la source. C’est l’objectif de ce numéro unique à destination des personnes aux penchants pédophiles. Dévoilé par le secrétaire d’État en charge de la protection de l’Enfance Adrien Taquet, le dispositif est en phase d’expérimentation depuis un an dans cinq régions françaises dont l’Occitanie.
Comment ça se passe ?
Un pédophile qui pense passer à l'acte peut appeler directement le 0806.23.10.63, du lundi au vendredi, de 9h à 17h. Le numéro est gratuit et confidentiel. Au bout du fil, un secrétaire du Centre de ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (CRIAVS), le redirigera vers un infirmier, psychologue ou psychiatre pour un parcours de soins adapté.« Sous couverts de renseignements, assez souvent les gens appellent pour demander "est ce que c’est fréquent, et comment vous faites ? » assure, sourire aux lèvres, Mathieu Lacambre, médecin au CHU de Montpellier et psychiatre au sein du CRIAVS. Il a travaillé deux ans sur ce projet et œuvre, chaque jour, pour une meilleure prévention, prise en charge et compréhension des violences sexuelles.Chaque appel pour nous compte
Sur la totalité des appels reçus, un appel sur trois concerne une personne attirée par les enfants. Il s’agit ensuite des professionnels de la santé ou de la justice, de victimes, de témoins ou simplement des personnes souhaitant des renseignements. Environ un appel sur six concerne des femmes reconnaissant avoir une attirance sexuelle pour un mineur.
Plus largement, différentes études, menées depuis plus de trente années, ont montré que 10 à 20% de la population, quel que soit le sexe, avait déjà eu une attirance sexuelle envers des mineurs.
#WorldChildrensDay ???| 1 an après le lancement du plan pour lutter contre les violences faites aux enfants, retrouvez l’avancée de chacune des 22 mesures composant ces 6 grands axes ➡️https://t.co/fTZJmhJyh2 pic.twitter.com/W9yIOjKXVm
— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) November 20, 2020
Une réussite
Sur les 300 appels reçus et traités, 110 personnes ont été accompagnées. Une réussite pour le CRIAVS de Montpellier. « C’est très encourageant pour nous. On peut penser que chaque personne prise en charge, c’est autant de victimes potentielles, d’infractions et de téléchargements d’images pédopornographiques en moins » assure le psychiatre.A partir du 23 novembre, le numéro passera donc au niveau national. Une véritable avancée et de quoi rattraper un peu le retard en France par rapport à nos voisins européens. Ce type de numéro existe déjà depuis 15 ans en Allemagne, 28 en Angleterre. « Il fallait s’assurer que la société française était prête à accueillir ce type d’offre car le sujet est très compliqué avec une confusion entre pédophilie et agression pédosexuelle. Dans l’esprit de la population générale, l’idée que le fait d’être pédophile, c’était déjà une infraction. Or la pédophilie est une attirance pour les enfants…. Dès le stade de fantasme, on peut intervenir, traiter et soigner ».On peut penser que chaque personne prise en charge, c’est autant de victimes potentielles, d’infractions et de téléchargements d’images pédopornographiques en moins
Et la suite ?
« Nous avons comme projet de proposer, à travers internet et les réseaux sociaux, des aides au diagnostic avec des autodiagnostics, des soutiens et de développer un ensemble d’outils pour les familles, les victimes et les personnes attirées vers des enfants » ajoute Mathieu Lacambre.Autre étape, ne plus cibler uniquement les adultes mais aussi les mineurs aux envies pédophiles : « Malheureusement, dans 40 à 50% des cas, les auteurs de violences sexuelles condamnés en France sur des mineurs sont eux-mêmes des mineurs. On va tout de même louper, avec ce numéro, une grosse part des appels des auteurs. Ça sera donc également notre étape suivante si on en a les moyens. »
Enfin, il conclut : « Le but à long terme est de faire de la prévention primaire, c’est-à-dire éviter l’apparition de pédophilie et d’attirance sexuelle problématique. Nous proposons des outils pour accompagner les enfants dès l’âge de 5 ans. Nous avons créé une boîte à outils de prévention qui s’adressent à tous les adultes qui travaillent auprès de mineurs pour renforcer les facteurs de protection c’est-à-dire l’estime de soi, la gestion des émotions, les relations interpersonnelles mais aussi réduire les facteurs de risque comme l’impulsivité, l’agressivité etc. ».