Réforme de la police judiciaire : magistrats et avocats mobilisés aux côtés des policiers ce lundi à Montpellier

La réforme voulue par Gérald Darmanin continue de créer le malaise au sein de la police judiciaire. Les policiers manifesteront ce lundi à la mi-journée contre le projet du gouvernement. Dix jours après l'éviction brutale du patron de la PJ dans la région, magistrats et avocats se joignent à ce mouvement de colère.

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Les fonctionnaires de la police judiciaire poursuivent leur mouvement de grogne contre le projet de réforme de la police porté par le ministre de l'Intérieur. D'ordinaire très discrets, les enquêteurs manifestent une nouvelle fois ce lundi 17 octobre devant la préfecture à Montpellier, contre le projet du gouvernement. Dix jours après l'éviction brutale du patron de la PJ dans la région, Eric Arella, magistrats et avocats ont prévu de se joindre à ce mouvement de colère.

Rejoints par les magistrats

Plusieurs syndicats de la magistrature ont appelé en fin de semaine dernière, à des rassemblements de protestation lundi contre un projet "de nature à porter gravement atteinte à l’efficacité des enquêtes et à l’indépendance de la justice".

Cette réforme, controversée, qui provoque actuellement une forte mobilisation dans les rangs policiers, propose de placer tous les services de police à l’échelle du département, dont la PJ, sous l’autorité d’un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.

Félix Allary, ancien chef de la PJ de Montpellier devenu avocat sera dans les rangs des manifestants. 

La police judiciaire, c'est le bras armé de la justice.

Félix Allary, avocat

Ancien chef de la brigade criminelle du SRPJ de Montpellier

Du gardien de la paix au commissaire, tous les policiers manifesteront. Il y aura aussi les avocats qui ne souhaitent pas que la police judiciaire passe sous le contrôle des préfets. Ce qui est inédit : la présence des magistrats y compris la conférence des procureurs généraux, l'association des juges d'instruction. François Molins, le procureur général près la cour de cassation a déclaré que la suppression de la police judiciaire était dangereuse .

Cette réforme remet en cause la séparation des pouvoirs.

Félix Allary, avocat

Ancien chef de la brigade criminelle SRPJ de Montpellier

"Actuellement le SRPJ est sous le contrôle des magistrats et sous l'autorité du directeur central de la police judiciaire. Or cette réforme prévoit la fusion de la police administrative et celle de la police judiciaire qui seront sous l'autorité par le Directeur départemental de la Police nationale, lui-même directement rattaché au préfet. Ce qui est gênant c'est que ce sera le préfet qui décidera des moyens à affecter à telle ou telle enquête. Exemple : lors de la disparition de Lucas Tronche, des policiers ont été affectés pendant des semaines sur cette affaire et sont partis enquêter à Bagnols-sur-Cèze... Demain, si ces policiers sont placés sous l'autorité du préfet, avec un budget départemental, celui-ci privilégiera son département plutôt qu'un autre", redoute Félix Allary, ancien chef de la brigade criminelle du SRPJ de Montpellier, et avocat depuis 11 ans.

La PJ sacrifiée

Cela "conduira à l’absorption de la PJ par la sécurité publique et sacrifiera une filière hautement spécialisée sur l’autel du traitement de masse de la délinquance du quotidien, déplorent les représentants des syndicats et de l’association appelant à manifester, dans un communiqué. Outre le fait que la délinquance s’arrête rarement aux limites du département, des critères d’opportunité pourront guider la répartition des moyens par le DDPN : exigences statistiques, pression des élus, spécificités de la délinquance locale".

Suppression de la brigade financière ?

Les policiers craignent également la suppression de la brigade financière sollicitée pour les enquêtes politico-financières

Les magistrats des huit juridictions interrégionales spécialisées (JIRS), spécialistes de la grande criminalité organisée et de la grande délinquance financière, ont par ailleurs fait part de leur "vive inquiétude", concernant le projet de réforme de la PJ.

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