Réforme des retraites : après "le désastre" de l'Assemblée nationale, "le vrai débat" aura lieu au Sénat selon les sénateurs de l'Hérault

Les sénateurs de l'Hérault, Hussein Bourgi, parti socialiste, et Jean-Pierre Grand, indépendant et ex membre des Républicains, sont d'accord sur un point : le spectacle donné par les députés lors de l'examen du projet de loi sur la réforme des retraites était "affligeant". Pour eux, le Sénat qui se saisit du texte à partir du 28 février va "débattre sur le fond dans le respect des institutions et des individus". Pour le reste, leurs avis divergent profondément. Entretiens croisés.

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Hussein Bourgi et Jean-Pierre Grand sont deux des quatre sénateurs de l'Hérault (avec Henri Cabanel et Christian Bilhac). Après son passage par l'Assemblée Nationale, le projet de loi sur la réforme des retraites arrive en seconde lecture au Sénat, d'abord en commissions (28 février) puis en séance publique à partir du 2 mars. 

Hussein Bourgi, 49 ans, a été élu au Sénat en 2020. Il fait partie des 64 sénateurs P.S. et il est membre du groupe socialiste, écologiste et républicain. 

Jean-Pierre Grand, 72 ans, siège à la Chambre haute depuis 2014. Il a quitté le parti Les Républicains et appartient au groupe des Indépendants, République et Territoires.

Qu'avez-vous pensé de l'examen plutôt houleux du projet de loi portant sur la réforme des retraites par les députés ?

Hussein Bourgi : " C'était un spectacle affligeant. Le gouvernement a été pris en flagrant délit de mensonge, notamment sur la pension à 1 200 euros, c'est inadmissible, d'autant plus qu'il s'agit d'une réforme sociétale très importante pour la vie des Français. De l'autre côté, on a vu une opposition portée par la France Insoumise tenir des propos injurieux, avoir des comportements indignes d'élus de la République".

Jean-Pierre Grand : "C'est un désastre législatif, avec un comportement indigne du groupe parlementaire de la NUPES et des députés LFI. Tout a été fait pour que l'examen du texte n'arrive pas à son terme, avec des amendements de blocage. Pour un gouvernement, avoir une majorité relative à l'Assemblée Nationale, c'est compliqué mais cela peut fonctionner, on l'a vu avec les épisodes de cohabitation par le passé. Je ne vois pas comment on va pouvoir continuer ainsi jusqu'à la fin du mandat".

Comment ce même examen du texte gouvernemental va se passer au Sénat à votre avis?

Jean-Pierre Grand : Le Sénat va rétablir le bon fonctionnement de notre démocratie. Il est composé de femmes et d'hommes qui ont exercé des responsabilités locales et ont donc l'habitude de travailler avec les oppositions.

Hussein Bourgi : Cela n'aura rien à voir. Au Sénat, il n'y aura pas ce genre de dérapages. C'est un hémicycle où on a le goût du respect des autres et de la nuance. Ce qui n'empêche pas d'exprimer vivement ses désaccords.

Quels points de la réforme des retraites sont à discuter en priorité selon vous ?

Hussein Bourgi : "Pour nous, opposition de gauche, il y a trois articles essentiels à discuter. Le numéro deux sur l'index séniors des entreprises qui ne doit pas être un gadget de plus, l'article 10 sur les pensions minimales à 1 200 euros qui n'est pas à la hauteur de ce que le gouvernement a prétendu et bien-sûr, l'article 7 sur le recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans. C'est le plus symbolique politiquement mais aussi socialement. n'oublions pas que les "meilleures années" de la retraite, celle des projets, celles où l'on est en forme sont les premières. L'impact est donc très important pour les travailleurs qui vivent déjà une situation difficile avec l'inflation et les tensions géopolitiques".

Jean-Pierre Grand : "Pour moi, cette réforme est importante pour assurer le maintien de notre système de retraite par répartition. Il ne me paraît pas inconcevable de travailler deux ans de plus, à condition que la pénibilité et les carrières longues soient bien prises en compte. Et puis il faut aussi améliorer le système actuel pour les petites retraites. La justice sociale est au cœur de ce débat. Les décisions d'aujourd'hui ont une influence sur la vie future des Français, je serai donc particulièrement attentif au travail des commissions du Sénat qui vont examiner et évaluer le texte du gouvernement en profondeur dès le 28 février".

Pour Hussein Bourgi, l'opposition de gauche qui associe socialistes, communistes et écologistes ne déposera pas pléthore d'amendements mais a mis en place une stratégie de coordination pour permettre un débat sur le projet du gouvernement. Jean-Pierre Grand veut garder son indépendance de vote et assure que les sénateurs feront leur travail sur le fond du texte.

Selon la procédure choisie par le gouvernement, les sénateurs ne disposeront que de onze jours pour débattre. Le Sénat a d'ores et déjà prévu de siéger tous les jours, week-ends compris, de 9 heures à 2 heures du matin. Les débats de la Chambre haute seront clos, quoi qu'il arrive, au plus tard le dimanche 12 mars à minuit.

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