Résister à la propagande de guerre, une exposition à l’université Paul Valéry de Montpellier fait écho au conflit en Ukraine

Du 4 au 15 avril, l’université de Montpellier accueille une exposition baptisée "Résister à la propagande de guerre, dix principes élémentaires". L’occasion d’aiguiser son regard critique alors que la propagande joue un rôle essentiel dans la guerre en Ukraine.

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Quel sens a encore le mot « vérité » dans un conflit dominé par la propagande et les fausses informations ? C’est en partie pour répondre à cette question d‘une actualité brûlante que l’université Paul Valéry à Montpellier organise une exposition sur le thème de la propagande. 

Intitulée « Résister à la propagande de guerre : dix principes élémentaires », l’exposition s’articule autour de dix affirmations décryptées par l’historienne Belge Anne Morelli, dans son livre Principes élémentaires de propagande de guerre publié en 2001 aux Éditions ADEN. Professeure à l’Université libre de Bruxelles, elle est aussi une spécialiste de la critique historique appliquée aux médias modernes.

Décrypter les mécanismes de la propagande

Les nombreuses études, publications, expositions ou émissions consacrées à l'histoire militaire abordent rarement la question de l'opinion publique et de son attitude à l'égard de la guerre ou celle des arguments emportant son adhésion. Cette exposition permet donc d’examiner les procédés et les processus de la propagande depuis le conflit de 14-18 jusqu'aux guerres contemporaines, pour révéler la constance et la répétition des mécanismes et des arguments exploités au fil du temps.

Selon Anne Morelli, voici les arguments que l’on retrouve dans tous les conflits armés : 

1. Nous ne voulons pas la guerre.

2. Le camp adverse est le seul responsable de la guerre.

3. L'ennemi a le visage du diable.

4. C'est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers.

5. L'ennemi provoque sciemment des atrocités ; si nous commettons des bavures, c'est involontairement.

6. L'ennemi utilise des armes non autorisées.

7. Nous subissons très peu de pertes ; les pertes de l'ennemi sont énormes.

8. Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause.

9. Notre cause a un caractère sacré.

10. Ceux qui mettent en doute la propagande sont des traîtres.

Éveiller son regard critique


Cette exposition aborde également la question de ceux qui se dressent contre la guerre, mettant en évidence la difficulté à développer des contre-arguments à la propagande belliqueuse institutionnalisée, mais aussi qu'il n'est pas sans risques de manifester son opposition ou de refuser de participer à la guerre.


Comment ne pas faire le lien avec l’actualité et la guerre en Ukraine ? Dans un discours filmé, le mercredi 16 mars, Vladimir Poutine a une fois de plus menacé les Russes qui s’opposent à la guerre en les qualifiant de "traîtres nationaux", et appelant à une "autopurification nécessaire de la société" : "Tout peuple, en particulier le peuple russe, est capable de distinguer les vrais patriotes des racailles et des traîtres, et de les recracher comme un moucheron qui serait accidentellement entré dans leur bouche."

Une exposition à l’actualité brûlante


Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par les Russes, le 24 février dernier, l’étau de la propagande ne cesse de se resserrer. Au début du mois de mars, une loi a été votée en Russie, interdisant l’emploi des mots "invasion" ou "guerre". Pas question de mettre en doute la parole gouvernementale qui évoque une « opération militaire spéciale » pour « dénazifier » le pays. Les contrevenants risquent jusqu’à 15 ans de prison.


Depuis le début de la guerre, les Russes semblent plongés dans une bulle, une réalité alternative où la guerre n’existe pas vraiment et où les troupes russes ne sont pas responsables d’une invasion armée, mais d’une mission de secours. Vladimir Poutine a en effet fermé les médias indépendants, censuré les journalistes et propulsé ses meilleurs propagandistes à la tête de talk-show populaires. En Russie, il est devenu quasiment impossible d’avoir accès à des informations fiables concernant la situation extérieure.



Pour les Russes, le seul moyen d’obtenir des informations était alors d’accéder aux réseaux sociaux. Mais le 4 mars, le Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l'information et des médias de masse, a ordonné la fermeture de Facebook et de Twitter en Russie. L’interdiction a touché Instagram quelques jours plus tard.

Mais la propagande dépasse de loin les frontières de la Russie. Le Kremlin veut également convaincre les populations des pays étrangers. Les images de centaines de cadavres de civils à Boutcha en Ukraine, sont utilisées alternativement par le président ukrainien et Russe, l’un dénonçant un crime de guerre, l’autre rejetant la faute sur les militaires Ukrainiens eux-mêmes. Face à cette guerre de l’information, l’ONU a affirmé souhaiter mettre en place une enquête indépendante.

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