Recruté à prix d'or par Mohed Altrad, l'entraîneur du MHR Vern Cotter peut valider sa prise de pouvoir l'été dernier, basée sur l'implication et la responsabilisation des joueurs, en conduisant les rugbymen de Montpellier à leur premier titre de champion de France, samedi face à Castres.
La transition s'est opérée en douceur. Après le passage controversé du Sud-africain Jake White (décembre 2014-2016), l'expérimenté Néo-Zélandais apporte sa sérénité apaisante à un groupe hétéroclite, pour le doter enfin d'un vécu commun qui doit lui permettre de faire la différence.
Car après huit saisons à la tête de Clermont (2006-2014), dont il a brisé la malédiction d'éternel perdant (championnat 2010), et trois ans avec l'Ecosse, Cotter, âgé de 56 ans, connaît la gestion d'une saison.
Une main de fer dans un gant de velours
Fort d'une qualification directe pour les demi-finales, qui fait oublier son élimination précoce en Coupe d'Europe, Montpellier a préparé dans la
tranquillité la phase finale. Mais au-delà des résultats fondateurs, Cotter a valorisé ses hommes pour mieux les impliquer au coeur de son projet.
C'est un coach de haut niveau. Il a des standards élevés et des fortes attentes pour l'équipe qu'il a poussée tout au long de la saison (achevée à la première place de la saison régulière, NDLR). Cela nous a permis d'obtenir de bons résultat,
juge le troisième ligne emblématique et ancien capitaine Fulgence Ouedraogo.
Management participatif
"Il privilégie un management participatif et s'appuie sur des joueurs qui ont une emprise sur le jeu", souffle le troisième ligne Kélian Galletier, l'un des garants de l'état d'esprit du MHR, où il a été formé.
Il représente le style néo-zélandais qui responsabilise beaucoup ses joueurs. C'est pour moi la clé du rugby de haut niveau, car les joueurs sont les seuls acteurs sur le terrain,
détaille le nouvel international.
A la différence de White, peu adepte des rotations et qui préférait s'appuyer sur un effectif restreint, Cotter a élargi son groupe pour préserver une fraîcheur physique et mentale en vue de la dernière ligne droite.
"Par-delà les déçus, et les très satisfaits, quand on a une majorité de joueurs qui adhère, cela signifie que l'on est dans le vrai. La responsabilisation des joueurs favorise forcément cette adhésion", insiste Galletier.
Long terme
Si Cotter a créé une unité dans le groupe et brisé certaines chapelles, il n'a, en bonne intelligence et vu le matériel à disposition, pas chamboulé le style de l'équipe: pack très conquérant, jeu au pied très performant et pragmatisme.
Il s'est adapté à la force naturelle, refusant de copier le modèle clermontois qui a fait sa réputation et sa réussite.
Il est parti de l'apport de White, la défense et le paquet d'avants, et a ajouté tout le reste: le mouvement, les passes et l'attaque
avance Altrad à l'AFP.
Bref, le Néo-Zélandais a mis de l'ordre dans la maison héraultaise. "Ces dernières saisons, il a été fait un peu tout et n'importe quoi à la tête de cette équipe. Quand on voyait la richesse des joueurs et ce qu'ils en faisaient, c'était plus que dommage. Vern, qui dirige tout de A à Z, a remis un plan en marche. Aujourd'hui, il a fait un collectif d'une somme d'individualités", observe ainsi Didier Bès, ancien technicien de Montpellier en charge depuis trois ans de la mêlée à Clermont.
Un homme serein
Sous contrat pour encore deux ans, Cotter ne vit pas dans l'urgence du résultat, mais se projette à moyen terme. "Nous avons connu beaucoup de changements tous les ans, alors qu'une équipe se construit dans le temps. Vern Cotter travaille dans ce sens", juge Galletier.
Au moment où Montpellier vient de prolonger le contrat de la plupart de ses cadres (Steyn, les frères Du Plessis...), un titre samedi
lui permettrait de prendre déjà de l'avance sur le tableau de marche.