Le Canal du Midi va être remis à niveau à l'aide des eaux de pluie dans les semaines à venir. Une décision liée au manque d'eau dans les réservoirs habituels du canal. La préfecture de l'Aude et les Voies navigables de France ont pris des mesures pour préserver la ressource.
D'année en année, les stocks d'eau se dégradent. Les Voies navigables de France (VNF), en charge de la gestion du Canal du Midi, le constatent. À peine sorti de sa période de chômage annuel pour travaux, le canal doit se remettre à niveau d'ici le 27 mars, une action annuelle qui pourrait s'avérer plus délicate que prévu.
Changement de stratégie
Dans un communiqué daté du 22 février, la préfecture de l'Aude indique : "Les services de l’État et Voies navigables de France, ont décidé de privilégier un remplissage plus progressif du Canal du Midi, par des apports d’eau naturels et des précipitations qui pourraient intervenir dans les prochaines semaines".
Cette stratégie s'oppose à la méthode de remplissage classique, qui consiste à puiser dans les stocks et bassins historiques du canal. "Nous décidons de préserver les stocks, car ils sont trop dégradés pour l'instant. Nous avons bon espoir d'avoir des précipitations dans les jours à venir. Dans le cas contraire, la situation ne sera pas loin d'être catastrophique", indique Julien Chassagnol, chargé de gestion hydraulique pour VNF.
Réservoirs trop faibles
Habituellement, les gestionnaires puisent dans quatre réservoirs pour alimenter le canal : deux retenues collinaires (lac de la Ganguise et lac de Saint-Ferréol) et deux rivières (l'Aude et la Cesse). "Ces réservoirs sont frappés par la sécheresse depuis septembre 2023", confie Julien Chassagnol.
Depuis septembre, la rivière Aude connaît un déficit d'eau de 70%, son débit est passé de 58 mètres cubes en temps normal, à 15 mètres cubes. Le lac de Ganguise n'est rempli qu'à 50 %, et le lac de Saint-Férreol alimenté par la Montagne Noire, à 80 %.
Activités menacées, mais "pas d'impact majeur"
Cela fait deux années de suite que les autorités préfèrent préserver les stocks à la sortie de l'hiver. "Avec le réchauffement climatique, cette stratégie pourrait devenir la norme", explique Julien Chassagnol.
VNF a fixé la date au 27 mars pour remettre à niveau le canal sans puiser dans les stocks. "Si le délai n'est pas tenu, l'activité touristique et économique pourrait être touchée, ainsi que l'irrigation de certaines zones. Il n'y aura en revanche aucune conséquence sur la disponibilité d'eau potable, et donc aucun impact majeur", rassure le chargé de gestion hydraulique.