Tornades, mini-tornades, trombes, vents violents... Pour préciser les phénomènes météo qui accompagnent parfois les orages et démêler le vrai du faux, nous avons interrogé Alexandre Flouttard, ingénieur prévisionniste pour Météo-France.
Alexandre Flouttard est prévisionniste pour Météo-France à Toulouse. "Chasseur d'orages" par passion, il est aussi un spécialiste de la tornade, le plus intense des phénomènes météorologiques.
A Frontignan dimanche 14 août, des dégâts très localisés ont été provoqués par des vents très violents, peut-on parler de tornade ?
Pour l’instant, à Frontignan, on est sûr qu’il s’agit d’une trombe marine. Pour déterminer s’il s’agit d’une tornade, une enquête de terrain est en cours. Pour un météorologue, les deux phénomènes ne sont pas synonymes et dépendent du mécanisme qui leur a donné naissance.
Quand peut-on parler de tornade alors ?
Une tornade est un tourbillon de vent qui se développe sous un nuage d’orage (cumulonimbus) et peut se prolonger jusqu’à terre. Il y a une descente d’air froid en altitude qui rencontre un air chaud et humide en surface. Plus le contraste de température est important, plus les orages sont violents. Si en plus, les vents en altitude et ceux en surface vont dans des directions différentes, un tourbillon va se créer d’abord en surface puis, par un phénomène d’aspiration, ce tourbillon peut s’étirer en hauteur. Si ce phénomène se produit en mer, on parle alors plutôt de trombe marine.
Une tornade peut-elle prendre naissance dans n’importe quel orage ?
Oui. Une tornade est toujours possible quand il y a des orages. Avec un orage simple, la tornade est de faible intensité, sa force augmente avec la violence de l’orage. Ce que l’on appelle des supercellules, c’est-à-dire des cellules orageuses très violentes, plus vastes et durables que les cellules orageuses « classiques », peuvent donner naissance à des tornades plus puissantes. Mais c’est toujours un équilibre complexe, il faut que de nombreuses conditions soient réunies au même moment. Dans le Languedoc et le Roussillon, on enregistre en moyenne deux à trois tornades par an.
Peut-il y avoir des mini-tornades ?
Non. Le phénomène météorologique constaté est une tornade ou une trombe. Sinon il s'agit de vents violents, de rafales de vents qui peuvent faire d'ailleurs de gros dégâts. Mais la tornade correspond à des conditions précises. Avec des vents qui atteignent parfois les 500 km/h, elle peut être plus dévastatrice d'un cyclone tropical, même si elle dure moins longtemps. Le danger vient surtout des débris qu'elle transporte et projette comme des missiles.
Avec les orages qui traversent en ce moment l’Occitanie, les risques de tornade sont-ils accrus ?
La particularité des orages actuels, c’est que la mer Méditerranée est très chaude. L’épisode méditerranéen attendu est donc en avance puisque c’est plutôt un phénomène d’automne. Le fait que la mer soit particulièrement chaude va accentuer la différence de température entre l’altitude et la surface. Ce qui augmente le risque d’avoir une tornade. De plus, en surface le vent vient du sud-est alors qu’en altitude, il vient du sud-ouest, ce qui crée les conditions de tourbillon nécessaires pour la naissance d’une tornade. Mais encore une fois, une tornade est impossible à prévoir avec certitude. C’est la conjonction de paramètres très précis, c’est un phénomène assez bref, quelques minutes en moyenne, et très localisé.
