Pour la deuxième année consécutive, l'Université de Montpellier se hisse au 1er rang mondial du prestigieux classement de Shanghai dans le domaine de l'Ecologie. Une reconnaissance due aux quelque 700 chercheurs travaillant notamment sur la biodiversité. On vous explique les raisons de ce succès.
Après avoir occupé le second rang du classement de Shanghai en 2017, l'Université de Montpellier s'est hissée en 2018 et 2019 sur la première marche du podium mondial dans le domaine de l'Ecologie. Une place de numéro un qui récompense le travail en commun de près de 700 chercheurs, notamment en biodiversité.
Pour établir son palmarès, le classement de Shanghai se base sur 5 critères :
- Le nombre de publications signées,
- L'impact de ces publications,
- Le nombre de publications parues dans les meilleurs journaux scientifiques,
- Le pourcentage de publications internationales co-signées,
- Le nombre total d'enseignants titulaires d'une récompense académique chacun dans leur discipline.
Mise en commun des talents
L'une des clés de ce succès de l'Université de Montpellier, c'est la mise en commun des talents des différents laboratoires et instituts de recherches qui collaborent avec l'établissement, comme l'explique Laurent Dargorn, le directeur et spécialiste de l'approche éco-systémique des pêches de l'Unité Mixte de Recherche (UMR) MARBEC (MARine Biodiversity, Exploitation and Conservation).
Un travail sur plusieurs décennies
Implantée dans l'Hérault, à Sète, Palavas-les-Flots et Marseillan, l'UMR MARBEC est l’un des plus importants laboratoires français travaillant sur la biodiversité marine et ses usages. 230 agents, dont 80 chercheurs et enseignants-chercheurs, en dépendent :
On est nombreux à travailler sur l'écologie depuis plusieurs décennies à Montpellier. C'est quelque chose d'historique, qui a généré de plus en plus d'attractivité, de projets et de personnes qui sont venues au fil des années. C'est une énorme communauté qui travaille avec plein d'approches différentes.
Des programmes de recherche majeurs à l'échelle mondiale
Ainsi, dans son unité de recherche de Sète, sur l'étang de Thau, Jérôme Bourjea, cadre de recherche à l'Ifremer, spécialisé dans les systèmes littoraux d'usages multiples et dans l'étude des tortues marines, participe à l'un des programmes scientifiques les plus importants au monde. 400 poissons (saupes, daurades, loups...) sont en cours de marquage et de suivi dans leurs déplacements.
Suivi des poissons via des balises sous-marines
Et ce, via un réseau de balises sous-marines. Ses observations sur la daurades ont permis de mettre en évidence certains comportements propres à cette espèce :
Elles sont extrêmement fidèles à leur lagune ! La daurade, c'est comme un saumon, en fait : on a marqué des gros poissons de plus d'un kilo. On les a vus partir sans savoir où ils étaient. Ces daurades ont disparu pendant 6 mois et au bout de six mois, on les a vues revenir à l'endroit même où on les avaient marquées !
Changement climatique : les daurades en première ligne ?
Cette étude va durer plusieurs années. Car ce que recherche Jérôme Bourjea va au-delà du décrytpage des comportements de l'espèce :
Cette espèce, on ne sait même pas où elle se reproduit, si toutes les daurades rentrent dans les lagunes comme l'étang de Thau, ni combien de temps elles y restent. Que se passera-t-il dans ce contexte de changement climatique, si toutes les lagunes chauffent et que les daurades ne viennent plus ? Est-ce qu'elles iront ailleurs ?
Une première place synonyme de financements
Autant de mystères que le chercheur va tenter de percer. Mais l'Université de Montpellier a bien d'autres projets d'études. Et cette première place en Ecologie au classement de Shanghai, en accroissant sa notoriété et sa réputation, pourrait attirer de nouveaux talents et surtout des financements pour les nombreux programmes en cours ou à venir.