Vignerons en garde à vue : deux viticulteurs inculpés de violation de domicile et menaces convoqués au tribunal en juillet

Une soixantaine de vignerons était réunie devant le tribunal de Montpellier, ce mercredi matin, pour soutenir deux des leurs. Deux viticulteurs arrêtés la veille et déférés devant la justice suite à une plainte du président du syndicat des producteurs de vins de Pays d’Oc. Il les accuse de "violation de domicile et de menaces" proférées contre sa femme.

Comme France 3 Occitanie le révélait, cinq viticulteurs de l'Hérault et du Gard ont été interpellés mardi 21 mai par les gendarmes et placés en garde à vue. Ces arrestations faisaient suite à une plainte déposée par Jacques Gravegeal, président du syndicat des vins d'Oc.

Il accuse les cinq hommes de violation de domicile et de menaces envers son épouse.

Trois d'entre eux sont ressortis libres le soir même mais les deux autres ont passé la nuit à la gendarmerie et étaient, ce mercredi matin, présentés au tribunal.

Une soixantaine de vignerons étaient présents devant le tribunal pour soutenir leurs deux collègues.

Convoqués le 16 juillet devant le tribunal judiciaire

Le juge des libertés et de la détention a décidé, après leur audition, de remettre Benjamin Bories et Florent Allier en liberté, sous contrôle judiciaire léger. Ils ont interdiction d'approcher et de se rendre au domicile du plaignant et de sa femme.

Toutefois, ils devront répondre de "violation de domicile et de menaces" devant la justice le 16 juillet prochain.

Des actes qu'ils nient en partie, réfutant notamment les menaces à l'encontre de l'épouse de Jacques Gravegeal comme ils l'ont expliqué devant le juge.

Un paysan qui porte plainte contre un paysan, voilà ! J'en dirai pas plus. C'est terrible.

Florent Allier, vigneron à Aspères, dans le Gard.

À leur sortie du tribunal, l'émotion est grande avec même un soupçon de colère. Les deux vignerons ne comprennent toujours pas pourquoi ils ont passé une nuit en garde à vue.

"Oui, je suis allé chez Monsieur Gravegeal pour avoir des explications. Oui, il était 7h30 du matin, sa femme m'a répondu, elle m'a dit qu'il n'était pas là. Je suis parti et je passe 24 heures en garde à vue" s'étonne Benjamin Bories, vigneron à Servian, près de Béziers.

Une incompréhension partagée par leurs avocats. Pour eux, c'est beaucoup de bruit pour pas grand-chose.

S'il avait fallu une convocation, il n'était pas utile de déférer au procureur, ni de passer devant le juges des libertés et de la détention. Tout cela a été fait mais nous, on plaidera pour demander la justice et que la réalité soit dite. Et cela permettra de constater qu'aucune infraction n'est reprochable.

Gilles Gauer, avocat de Florent Allier.

L'affaire traduit la scission entre une partie des vignerons de base et certains de leurs porte-paroles officiels.

"Il est intéressant qu'il y ait une discussion entre les gens qui ont la connaissance de ce qui se passe au niveau national et européen et le vigneron de base qui est le nez dans ses vignes et a besoin de comprendre. Sinon, nous sommes dans l'erreur", explique Jean Huillet, président honoraire de la Fédération régionale des coopératives agricoles.

Le plaignant, Jacques Gravegeal, n'a pas donné suite à nos sollicitations. L'affaire sera jugée le 16 juillet.

"Une visite" chez le président du syndicat de vins d'Oc pour se faire entendre

Tout commence le 18 mars dernier, par une réunion musclée au conseil d'administration électif du syndicat des producteurs de vins de pays d’Oc, qui regroupe 13.000 vignerons du Languedoc et des Pyrénées-Orientales.

Là, des viticulteurs s'invitent pour faire entendre leurs voix et leurs revendications. Ils expriment leur colère et leurs difficultés demandant depuis des mois des aides d'urgence pour la distillation et l'arrachage, les ventes de vins étant en chute libre.

Sans avancées notables, ils se rendent le 6 avril au domicile de Jacques Gravegeal pour lui demander des comptes. Mais le président du syndicat des producteurs de vins de pays d’Oc est absent. C'est sa femme reçoit le petit groupe.

Quelques jours après, Jacques Gravegeal a porté plainte pour violation de domicile et menaces.

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