Violences policières : "tous légitimes à s'exprimer pour lutter contre ce fléau" pour la basketteuse D. Tchatchouang

Dimanche 7 juin sur le plateau du 20h de France 2,  l'ex-vainqueur de Roland-Garros et chanteur Yannick Noah regrette "le silence des sportifs blancs contre les violences policières". Mais en Occitanie, chez les basketteuses de Lattes-Montpellier, la mobilisation dépasse la couleur de peau. 

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Un genou au sol, elles aussi ont choisi de se mobiliser pour dénoncer les violences policières. Elles sont noires et blanches, sportives de haut niveau mais citoyennes avant tout.

Diandra Tchatchouang et Romane Bernies ont participé mercredi 3 juin dernier au rassemblement organisé à Montpellier en hommage à Adama Traoré et George Floyd. 

 

C’est important parce que je pense qu’avant d’être sportifs on est citoyens.

explique Diandra. "On n’est pas insensibles aux injustices quelles qu’elles soient. Cela fait des années que je dénonce les violences policières, je n'ai pas réfléchi une seule seconde, dès que j’ai su qu’il y avait cette manifestation."

 

 

Mobilisation lors de la manifestation mais aussi sur les réseaux sociaux, les deux coéquipières du club de basket de Lattes-Montpellier n'ont pas hésité à prendre position sur le sujet. "C’était une évidence pour moi d’être aux côtés de Diandra pour soutenir cette cause. Elle est très engagée, je la soutiens énormément", exprime Romane Bernies.

 

Le monde du sport mobilisé 

 

A l'image des tennismen Gaël Monfils et Jo-Wilfried Tsonga, du footballeur champion du monde Kylian Mbappé et tant d'autres, les deux joueuses ont condamné ces violences sur leurs réseaux sociaux. 

 

 

"En tant que sportifs selon moi on a une plateforme de communication à travers les réseaux sociaux, il faut l’utiliser pour les évènements heureux comme les causes plus malheureuses. Si j’avais été dans le monde de la musique, de la mode ou autre je l’aurais fait également. Il faut encourager les personnalités qui ont une visibilité à aider à élever les consciences", poursuit Diandra. 

Bien que non visée directement par ces actes racistes, Romane Bernies a malgré tout elle aussi mis à contribution ses réseaux. Selon elle, "il faut qu’on utilise cette plateforme et la visibilité que l'on a pour défendre ce genre de cause. A ma petite échelle, c’était important pour moi de me positionner sur le sujet, c’est quelque chose qui touche le monde entier. Dans mon entourage j’ai beaucoup d’amis noirs, ca me tenait à cœur, pour moi c’est de l’injustice".

 

 

 

Une mobilisation qui dépasse la couleur de peau

 

Noirs ou blancs, la mobilisation dépasse aujourd'hui la couleur de peau. Pourtant, invité sur le plateau de France 2, l'ancien champion de tennis Yannick Noah, interrogé sur les prises de position de ses compatriotes sportifs sur ce sujet a de son côté déclaré : 

 

C'est bien que les jeunes s'en occupent mais moi ce qui me gêne c'est que ce sont tous des métis ou des noirs. 

 

"Ce qui me rassure en tant que métis, c'est que assez rapidement on parle d'injustice, a-t-il cependant ajouté. Oui, c'est un noir, ça arrive depuis toujours, mais là tout d'un coup, il y a aussi les jeunes blancs, une jeune génération qui réalisent qu'il s'agit de leur avenir à eux, ils ne veulent pas vivre dans ce monde-là."

Face à ces propos, l'ailière de l'équipe de France et de Lattes-Montpellier répond : "J’ai énormément de respect pour Yannick Noah, mais l’heure n’est pas à la division. On est sur un grand défi de vivre ensemble. Il y a des personnes plus concernées que d’autres, plus éduquées sur le sujet, c’est plus facile pour elles de s’exprimer sur le sujet. Aujourd’hui je m’exprime assez facilement sur cette cause, c’est quelque chose qui me touche et qui touche mes proches depuis des années".

Quant à Romane Bernies pour elle le soutien des chacun est aujourd'hui indispensable pour clamer haut et fort cette cause, "ça a de l’impact si des personnes blanches prennent partie. On n’est pas concernés directement mais ça impacte énormément. La manifestation c’était vraiment fort. Il y a des choses que je ne peux pas comprendre et que je n’ai pas vécu mais je ne peux pas rester impuissante".

Un soutien qu'elle a d'ailleurs affiché sur la pancarte qu'elle a levée tout au long de la manifestation à Montpellier : "Je sais que je ne comprendrai jamais, mais je suis avec vous". 

 

 

Diandra, jeune sportive très engagée

 

Diandra a grandit à La Courneuve, dans le département de la Seine-Saint-Denis, elle confie : 

 

J’ai déjà été victime de racisme plus jeune mais pas en tant que sportive de haut niveau.

 

avant d'ajouter, "je connais également des gens qui ont été victimes de violences policières. Pour moi c’est important d’expliquer à mon frère de 20 ans comment il doit se comporter si jamais il se fait interpeller. Pourtant, mon frère est très bien éduqué mais malheureusement aujourd’hui ça ne suffit pasJe ne dis pas que tous les policiers sont comme ça, je pense que certains font bien leur travail, mais ceux qui sont racistes n’ont rien à faire dans la police". 

 

Prise de position parfois difficile pour les personnalités 

 

Très mobilisée dans cette lutte contre les violences policières et le racisme aujourd'hui sur le devant de l'actualité, Diandra reconnaît malgré tout que la prise de position pour les personnes "connues" peut parfois s'avérer difficile :

"Je rencontre beaucoup de sportifs qui pensent la même chose que moi mais ne sont pas prêts à partager leurs idées. Parfois, en fonction de ce qu’on publie sur les réseaux sociaux on a peur des retombées. A chaque fois que j’ai pris position sur le sujet je me suis fait massacrer sur Twitter ou autre. Je pense que le défi à relever aujourd’hui, pour les sportifs ou autres artistes, quels que soient leurs couleur de peau, origines, milieu social, c’est qu’on se sente tous légitimes à prendre la parole pour lutter contre ce fléau".

Diandra envisage malgré tout de renforcer ses actions. Elle envisage notamment d'organiser des échanges entre les jeunes de quartier et la police. Selon elle, "il est grand temps d’établir une discussion autour de ce qui se passe avec les personnes concernées".

De son côté, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, s'est exprimé sur le sujet ce lundi 8 juin, lors d'une conférence de presse. Il a exigé une "tolérance zéro" contre le racisme dans les forces de l’ordre. 

Pour parvenir à cela, il a demandé à ce qu’une suspension soit systématiquement envisagée "pour chaque soupçon avéré d’actes ou de propos racistes. Je veux également que les procédures disciplinaires soient toujours engagées en parallèle des procédures pénales". 

 

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