Le gouvernement pourrait prochainement accorder des aides aux viticulteurs victimes des taxes américaines sur le vin français. L'annonce fait suite à la réunion ministérielle ce jeudi avec les représentants de la profession. "Nous ne pouvons plus attendre" commente l'Héraultais Jérôme Despey.
Le gouvernement devrait prochainement accorder des aides aux viticulteurs pour compenser l'application de taxes américaines sur le vin français, dont une nouvelle salve doit s'appliquer à partir du 12 janvier. C'est une information prise auprès de Bercy par nos confrères de l'AFP après la réunion ce jeudi entre les professionnels du secteur et le Gouvernement. Le ministre de l'Économie s'est dit "favorable et ouvert à des compensations et à des mesures d'aides", réclamées avec force par les viticulteurs.
Il y a nécessité de trouver une solution rapide pour garder la compétitivité de nos entreprises et de nos produits sur le marché. Nous ne pouvons plus attendre.
Réunion au sommet
Le président de la chambre d'Agriculture de l'Hérault, Jérôme Despey, était présent ce jeudi à la réunion entre représentants de la profession et 4 ministres : Bruno Le Maire (Economie), Julien Denormandie (Agriculture), Franck Riester (Commerce) et Alain Griset (PME).
"Nous avons exprimé la colère de la filière viticole face à une situation injuste qui dure depuis plus d'un an et nous félicitons de l'écoute attentive que nous ont accordée les ministres" ont déclaré à l"AFP Jérome Despey et César Giron, le président de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS) de France à l'issue de la réunion.
1 milliard d'euros de perte de chiffre d'affaires
Les deux responsables de la profession estiment l'impact de l'ensemble des taxes américaines sur les vins français à 1 milliard d'euros de perte de chiffre d'affaires. Chiffre comparable aux 1,2 milliard d'euros de vins et spiritueux exportés vers les États-Unis en 2019.
C'est comme si on rayait de la carte la production viticole de toute l'Occitanie ou de toutes les Côtes de Provence!
Des vins encore plus taxés à partir du 12 janvier
Le 31 décembre dernier, Washington a décidé d'augmenter de 25%, à compter du 12 janvier, les droits de douanes sur tous les vins non pétillants, moûts de raisin et cognacs, et de 15% ceux sur des pièces aéronautiques, tous en provenance d'Allemagne et de France.
Ces taxes s'ajouteront à celles imposées depuis 2019 sur des importations européennes comme le vin, le fromage ou les avions d'Airbus, dans le cadre du bras de fer commercial qui oppose l'Union européenne et les États-Unis sur les aides publiques à l'aéronautique.
Une indemnisation égale à 20% du chiffre d'affaires
Pour soutenir les viticulteurs, Bercy envisage notamment de "faire bénéficier les viticulteurs de l'indemnisation à hauteur de 20% du chiffre d'affaires mensuel, jusqu'à 200.000 euros", mise en place fin 2020 pour les entreprises affectées par la crise sanitaire.
Le ministère de l'Economie et des Finances travaillerait aussi avec les banques et Bruxelles à reporter d'un an le début du remboursement des prêts garantis par l'État accordés aux entreprises pénalisées par la pandémie.
Paris s'en remet à l'Europe
Paris souhaiterait aussi que Bruxelles mette la main au portefeuille dans ce dossier. Les quatre ministres vont écrire à la Commission européenne pour "exiger un travail européen sur des mesures de compensations", indique-t-on à Bercy, où on juge "inacceptable" que Bruxelles ne prévoie rien pour les secteurs touchés par ricochets dans ce bras de fer commercial.
Les professionnels du secteur viticole ont insisté sur l'urgence de mesures sans attendre une décision européenne:
Il y a aujourd'hui beaucoup de vins bloqués dans des ports français, dans des containers expédiés après les fêtes de Noël vers les États-Unis qui sont revenus au port car les importateurs américains ne veulent pas payer les taxes de dédouanement.