Le bras de fer entre l'association de sauvegarde du monastère de Montagnac et le Direction régionale des affaires culturelles d'Occitanie trouvera un premier épilogue le 28 juin prochain. Le tribunal de Béziers doit en effet statuer sur la légalité des travaux dans l'église. Le parquet a requis la destruction d'une partie des rénovations.
Tout commence en 2011, quand Olivier Fury achète le monastère des Augustins de Montagnac. A l'époque, l'édifice est en ruine. Il est laissé à l'abandon depuis près de 50 ans.
Un mur menace de s'écrouler, il y a un trou de 80 m² dans la toiture et lors d'une inondation, le bâtiment est submergé par plus d'1,5 m d'eau.
Avec son association pour la sauvegarde du monastère des Augustins, Olivier entreprend d'importants travaux de réhabilitation et de rénovation, travaux qu'il finance en totalité. En quelques années, ce patrimoine inscrit aux Monuments historiques change de visage.
Une fois par an, un représentant de la DRAC Occitanie visite le chantier et le site, sans rien trouver à redire... Jusqu'au jour où, en 2021, un signalement est fait au procureur de la Républqiue de Béziers.
C'est incompréhensible. On ne sait même pas ce que l'on nous reproche. Le signalement a été fait sur des travaux approuvés les années précédentes et pour lesquels nous n'avons eu aucune remarque de la DRAC.
Olivier Fury, président de l'association pour la sauvegarde du monastère des Augustins.
La DRAC absente de l'audience
Le 16 mai 2023, l'affaire était inscrite à l'audience du tribunal de Béziers et comme la fois précédente, la Direction Régionale des Affaires Culturelles n'était pas représentée. Elle reproche notamment à Olivier Fury d'avoir réalisé les travaux sans autorisation et sans permis de construire.
L'accusé se défend : "Concrètement, on ne sait pas ce qui ne va pas dans nos travaux. Et comme personne de la DRAC n'est venue au tribunal, on n'a toujours aucune explication. On nous parle de défaut de permis de construire, mais l'association n'en avait pas besoin pour réaliser les travaux, la mairie est formelle et durant des années la DRAC nous a inspecté, sans suites négatives".
Des réquisitions incluant des destructions
En l'absence du plaignant à l'audience du tribunal correctionnel de Béziers, le parquet a tout de même requis 3.000€ d'amende contre le propriétaire, 3.000€ d'amende contre l'association, avec destruction sous six mois, notamment du sol du monastère, du podium construit au dessus de la crypte ou encore d'une mezzanine.
Cette "remise en l'état", quasi impossible selon son propriétaire, signifierait l'anéantissement de 10 ans de travaux des bénévoles et surtout réduire à nouveau l'église à l'état de ruine.
J'ai investi plus de 300.000 euros pour sauver cette église. Les destructions demandées mettraient tout l'édifice en péril et seraient dangereuses pour les immeubles mitoyens.
Olivier Fury, président de l'association pour la sauvegarde du monastère des Augustins.
Par ailleurs, Olivier et son avocat mettent en avant des vices de forme et des vices de procédures.
Le jugement a été mis en délibéré au 28 juin.