Camping : "Le sourire quand tu arrives et les larmes quand tu t'en vas", pourquoi dormir sous la tente reste si populaire

Dans les campings du littoral de l'Hérault, les mobil-homes se taillent la part du lion depuis une quinzaine d'années. Mais les tentes, caravanes et camping-cars résistent. Reportage à Marseillan-Plage dans une structure familiale entièrement dédiée au camping traditionnel.

Quand Justine Gomez passe dans les allées du camping Beauregard à Marseillan-plage, elle prend son temps. D'un emplacement à l'autre, les campeurs la saluent, lui demandent un renseignement ou son aide. Et elle répond aux sollicitations avec plaisir. "Ici, le maître-mot, c'est la convivialité", sourit-elle. "J'ai un peu séjourné au camping enfant avec mes parents, mais c'était dans un mobil-home et cela n'a rien à voir !"

Il y a des familles qui viennent ici depuis plus de 20 ans, des enfants que je vois devenir ados. De toute façon, même ceux qui viennent pour la première fois, on les considère comme des habitués.

Justine Gomez, responsable accueil camping Beauregard

Pas de mobil-homes

Les deux cents emplacements du camping n'accueillent que des tentes, des caravanes ou des camping-cars. Ici pas de mobil-homes. En bord de mer, Beauregard fait figure d'exception.

Un choix des trois petits-fils des créateurs de ce camping familial. "On voulait garder l'authenticité du camping, celui qu'on a connu dans notre enfance", explique Mathieu Maurel. Après un début de carrière dans l'agroalimentaire à Rungis, il décide de reprendre la gestion du camping, en accord avec ses frères. "Quand je passais ici mes vacances de petit Parisien, je voulais tout transformer en jardin extraordinaire. Il est évident pour moi de soigner la nature, de choisir des espèces locales. Je travaille tout l'hiver avec un paysagiste pour préserver l'ombre, et fleurir le camping."

Le camping est "zéro phyto", labellisé "refuge oiseaux" par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), lutte contre l'artificialisation des sols et pour la préservation de la biodiversité. Il propose aussi aux campeurs une fontaine à eau pour limiter les bouteilles en plastique, un composteur et un recyclage poussé des déchets. Une logique à l'opposé de la standardisation proposée par les grands groupes qui ont transformé bon nombre de campings du littoral d'Occitanie en villages de vacances.

"Il en faut pour tous les goûts. Nous, on privilégie la simplicité : pas de piscine, pas de grandes animations. On préfère inviter les campeurs à un grand pique-nique gratuit ou organiser un tournoi sportif", détaille Mathieu Maurel. "C'est aussi moins d'investissement. Quand j'ai pris la gérance il y a 15 ans, j'aurais pu investir avec l'appui des banques, nous avons 200 emplacements et un accès direct à la mer, c'est très recherché. Mais ce n'est pas le type de camping que nous voulions proposer."

Avec des mobil-homes, mon chiffre d'affaires serait deux fois et demi supérieur à ce qu'il est aujourd'hui. Mais des mobil-homes, cela signifie des piscines, des animations, une épicerie… De gros investissements qui expliquent le prix de la location.

Mathieu Maurel, gérant du camping Beauregard à Marseillan

Convivialité et simplicité

Sylviane et Olivier Sagniez terminent leurs cinq semaines de vacances au camping. Tous les étés depuis 23 ans, ils quittent Calais et parcourent les 1 134 kilomètres qui les séparent de Marseillan avec leur caravane. "J'ai toujours campé, avec une tente canadienne d'abord, depuis tout petit avec mes parents et mes frères et sœurs", raconte Olivier. "Je comprends le côté pratique du mobil-home, tu poses tes valises et voilà, mais ce n'est pas du camping pour moi, tu n'as pas la convivialité."

Un avis partagé par son épouse Sylviane : "si tu es novice, quand tu arrives sur ton emplacement, les campeurs d'à côté le voient vite et viennent te donner un coup de main. Les enfants passent te dire bonjour, tu prends soin des autres."

Le camping, c'est le sourire quand tu arrives et les larmes quand tu t'en vas.

Sylviane Sagniez, campeuse à Marseillan depuis 23 ans

108 campings "mixtes" dans l'Hérault

Si les campings 100% "emplacements nus", comme celui de Beauregard à Marseillan, sont rares sur le littoral héraultais, plus de la moitié des campings du département proposent des emplacements pour les tentes et les caravanes aux côtés des mobil-homes. Une offre mixte qui répond à la demande des différents types de clientèle. Les Français plébiscitent les mobil-homes et les animations, les touristes étrangers préfèrent, eux, les tentes ou caravanes.

Depuis les années 60, le confort des campings s'est largement amélioré. L'esprit des débuts, le sentiment de liberté et la convivialité sont toujours là. Mais ils s'accompagnent désormais de sanitaires collectifs, voire individuels, la nouveauté de l'été au camping Beauregard.

L'autre avantage incontestable de l'hébergement en camping, c'est son coût, bien moindre que celui d'une location, appartement ou mobil-home. Un argument qui revient systématiquement dans la bouche des campeurs interrogés. Un retour vers plus de simplicité, se rapprocher de la nature et dépenser moins : en ces temps d'inflation et de crise écologique, le camping traditionnel a des atouts dans sa manche.

La famille Maurel s'en félicite. Elle vient d'aménager un nouvel espace dans son camping : des caravanes et des tentes vintages redécorées et confortablement équipées sont désormais proposées à la location sur six emplacements. Elles sont prêtes à accueillir les campeurs débutants. Et espèrent bien les convertir aux joies du camping.