A travers l'"archipel" de ses influences et de ceux qu'il a inspirés, le Musée international des Arts modestes de Sète (Hérault) propose à partir de samedi 4 février 2017, une "exposition-portrait" d'Hervé Di Rosa, initiateur des arts modestes aux oeuvres évoquant la bande dessinée ou le graffiti.
"En toute modestie/Archipel Di Rosa" présente au Miam jusqu'au 17 septembre 2017 les oeuvres de 71 artistes gravitant autour du courant des "arts modestes", impulsé à la fin des années 1980 par Di Rosa, créateur en 2000 du musée dans sa ville natale.Certains sont issus de son panthéon personnel, comme Jérôme Bosch, Henry Darger, Pierre Molinier, ou Bernard Buffet, d'autres sont des contemporains entrant en résonance avec son travail, comme Eugène Leroy, qui superposait inlassablement des couches de peintures sur les toiles, ou Jean Dubuffet, premier théoricien de "l'art brut".
D'autres artistes, plus jeunes, s'inscrivent dans le chemin des arts modestes, à l'instar de Lucien Murat, qui crée des figures de la mythologie contemporaines plongées dans un monde de chaos, ou de Sarah Tritz, qui travaille sur la transformation de l'art du passé.
"Il y a dans ce portrait en creux une partie patrimoniale avec des artistes qui m'ont influencé, d'autres que j'ai rencontrés et des artistes plus jeunes dont je ne connaissais à peine le travail", a expliqué Hervé Di Rosa à la presse. "Je conçois le Miam comme une oeuvre à plusieurs", poursuit-il: "j'y avais très rarement exposé ma peinture, mais je voulais montrer ma peinture ici à Sète", avoue l'artiste né dans "l'île singulière" en décembre 1959.
Julie Creen, la commissaire de l'exposition âgée de 35 ans, "m'a amené des propositions très surprenantes", assure Di Rosa, créateur avec son compagnon de route Robert Combas de la "figuration libre" --un courant porté par des images simples, avec des couleurs fortes et dissonantes, et par un lien fort avec les codes de la bande dessinée et des graffitis.
Culture punk
"Au départ le projet était annoncé comme un musée imaginaire d'Hervé Di Rosa", explique la jeune commissaire. "Mais c'était trop pompeux à ses yeux, il est vraiment très modeste", ironise-t-elle: le projet a finalement évolué vers une "exposition-portrait".Un portrait esquissé à travers "l'archipel" foisonnant de ses influences et de ceux qui prolongent et réactivent les arts modestes, terme désignant ce qui est à la fois marginal et ayant trait à l'art contemporain, aux figures publicitaires, à l'art brut, à l'artisanat, à la culture punk et à toutes pratiques issues de l'underground et des contre-cultures.
A l'entrée, le visiteur est accueilli par une création de Lydie Jean dit Pannel intitulée "Chambre à louer, l'intimité du monde": sur un vaste mur sont répartis des dizaines de petits écriteaux que l'on trouve sur les portes des chambres d'hôtel du monde entier. L'artiste a ainsi souhaité évoquer le locataire provisoire d'une chambre d'hôtel, qui, indifférent aux dangers qui menacent le monde, choisit de ne pas être dérangé.
Puis dans la pénombre du Miam, surgit sur toute la hauteur du mur principal un véritable "cabinet de curiosités" à couper le souffle: une sorte de résumé coloré et hétéroclite de "l'archipel" Di Rosa mêlant collages, peintures, vidéos, tressages, artisanat...
Dans ce territoire sans frontière et sans hiérarchie, on trouve l'artiste sévillane Pilar Albarracin et son "Relicario" provocateur, ou encore la "Casserole rouge" de Bernard Buffet, la "Maison jaune et l'arbre vert" de Fernand Léger ou le "Tigre des Ming" de Charles Lapicque.
L'exposition permet également de voir --fait paradoxalement rare au Miam-- plusieurs oeuvres de Di Rosa, notamment "Around the Eye in One Day" (2013), créée à partir de cables de téléphones tressés, mais aussi "Porto-Novo" ou "Aftermath".
Voir le reportage de Christophe Monteil, Stéphane Taponier, Anne Vaillant avec :
Hervé Di Rosa, artiste
Julie Crenn, commissaire de l'exposition
A travers l'"archipel" de ses influences et de ceux qu'il a inspirés, le Musée international des Arts modestes de Sète (Hérault) propose à partir de samedi 4 février 2017, une "exposition-portrait" d'Hervé Di Rosa, initiateur des arts modestes aux oeuvres évoquant la bande dessinée ou le graffiti.