Hérault : l'atlas de la biodiversité des garrigues de Montbazin, Poussan et Villeveyrac

Mieux connaître la flore et la faune des garrigues, pour mieux les protéger. C'est le projet de l'atlas de la biodiversité que Montbazin, Poussan et Villeveyrac vont mettre en oeuvre dans l'Hérault. Un projet retenu parmi 153 postulants dans toute la France.

Tout reste à faire mais le projet est validé et sera soutenu au niveau national. La commune de Montbazin, dans l'Hérault, va se lancer avec ses voisines Poussan et Villeveyrac dans un atlas des garrigues. Il s'agit de recenser toute la biodiversité de ce territoire, la faune comme la flore. Une façon de sensibiliser ses habitants à la richesse naturelle de cette garrigue, mais aussi de la protéger, en la connaissant mieux et en la valorisant.

Montbazin lauréate de l’appel à projet

Il y avait 153 projets en lice cette année dans toute la France. Parmi eux, 46 ont été retenus par l'Office français de la biodiversité. Les projets ont été jugés sur trois critères :
  • la pertinence des inventaires naturalistes
  • l’implication des acteurs et citoyens dans le projet
  • et l’utilisation de l’altas comme un outil d’aide à la décision pour que la biodiversité s'inscrive dans les politiques publiques locales.
L'atlas de la biodiversité des garrigues figure parmi la liste des heureux projets élus qui vont recevoir un soutien logistique mais aussi financier pour pouvoir se concrétiser. Au total, les 46 lauréats de 2020 devront se partager une manne de 2,5 millions d'euros qui va les aider à mener à bien leur projet. Soit 60 000 euros pour le projet héraultais des 3 communes, Montbazin, Poussan et Villeveyrac qui partagent la même garrigue. Et un même amour de cette garrigue. 

La garrigue, un milieu naturel à réhabiliter

Les garrigues ont souvent été mal considérées. Pourtant ce sont des milieux naturels très riches, des orchidées aux lézards ocellés. Et qui ont aussi une vraie valeur culturelle, avec ce patrimoine rural des capitelles et des murets.

Aurélien Daloz, 1er adjoint à la transition écologique de Montbazin
 

Entre Poussan, Villeveyrac et Montbazin, le grand triangle de garrigues pousse jusqu'aux contreforts de la montagne de la Moure. Un milieu qui est resté naturel parce que depuis toujours incultivable. Mais ces grands espaces caillouteux de végétation méditerranéenne ont longtemps accueilli l'élevage. Et les capitelles, ces abris de pierre que l'on retrouve dans différentes régions d'Occitanie sous d'autres noms (bories, gariottes), comme les murets qui bordent les parcelles, témoignent de cette activité ancestrale.  

 

Dans notre projet, on veut aussi préserver ces vestiges, en remontant des murets et des capitelles écroulées. D'autant plus que ces murs en pierre sèche abritent toute une faune de la garrigue. 

Aurélien Daloz, 1er adjoint à la transition écologique de Montbazin

Un lézard géant et une magicienne dentelée

Parmi ces habitants des garrigues, le plus emblématique est certainement le lézard ocellé, le plus grand lézard d'Europe qui peut atteindre plus de 70 cms. "Un de mes amis a même trouvé un mâle qui faisait près de 90 centimètres" nous confie Aurélien Daloz. 

 Le lézard ocellé fait partie des espèces protégées, au même titre que les busards cendrés et les couleuvres de Montpellier. La Ligue de Protection des oiseaux soigne ces animaux dans son centre de sauvetage de la faune sauvage installé justement aux abords de la garrigue à Villeveyrac. La LPO fait partie des associations déjà mobilisées pour le projet d'atlas des garrigues et animera notamment des visites nature, à la découverte des pies grièches méridionales et autres sauterelles peu communes....

La magicienne dentelée est typique des garrigues. C'est une sauterelle verte que l'on ne trouve pas partout et qui vit la nuit.

Rémi Catala. éducateur à l'environnement LPO Hérault

Une végétation rase mais riche 


Côté flore, la garrigue est le lieu de prédilection des orchidées sauvages qui fleurissent au printemps. Tout comme les cistes de toutes sortes, aux grandes ou petites fleurs blanches ou roses.

"Et puis il y a plein de plantes comestibles", nous rappelle Aurélien Daloz, "qui permettent au printemps de belles récoltes de salades sauvages".

Pas de forêt en garrigue, mais des arbres ou plutôt des arbustes souvent épineux adaptés à ces terrains très secs.

Une des espèces emblématiques de la garrigue, c'est le chêne Kermès. Non seulement les busards cendrés y nichent, mais il se régénère très vite après les incendies.

Rémi Catala. éducateur environnement à la LPO Hérault

Réaliser l'atlas des garrigues en deux ans

 Faire un atlas de la biodiversité, cela veut dire recenser toutes les plantes et animaux du territoire. La garrigue de Montbazin, Poussan et Villeveyrac étant classée en zone Natura 2000, certaines espèces ont déjà été répertoriées mais des inventaires professionnels vont être programmés pour repérer l'ensemble de la faune et la flore du périmètre.
"On a prévu de faire l'atlas sur deux ans", précise Aurélien Daloz,  "pour pouvoir vraiment observer le cycle de la vie des plantes et des animaux sur toutes les saisons". Et aux chercheurs et autres spécialistes seront associés des inventaires participatifs.
Concrêtement cela veut dire que des sorties (quand elles seront autorisées!) seront organisées dès le premier semestre pour que chacun recherche, identifie et liste les animaux et végétaux trouvés dans la zone définie pour l'atlas. Des inventaires qui fédéreront associations et particuliers, mais aussi des conférences sans oublier la sensibilisation dans les écoles qui participeront, à leur façon, à cet atlas de la biodiversité des garrigues. Toutes les données seront compilées dans le Système d'information Nature et Paysage.

Un atlas pour protéger des garrigues menacées

C'est une façon de sensibiliser la population à la richesse de ce patrimoine naturel et nous comptons bien impliquer les élus, c'est aussi un peu le but !

Aurélien Daloz, à l'origine du projet d'atlas des garrigues

Car parmi les dangers qui guettent les garrigues, il y a avant tout l'urbanisation. Dans toutes ces communes au nord de l'étang de Thau, la poussée démographique est forte et les nouvelles zones résidentielles de ces communes ont tendance à empiéter sur la garrigue en bordure des villages. Sans compter le phénomène de cabanisation (des habitats "sauvages" plus ou moins provisoires dans la garrigue) qui continue à amputer encore le milieu naturel avec un risque de pollution non négligeable.
Enfin, la garrigue est également fragilisée par le réchauffement climatique. Certes c'est déjà un milieu naturel qui s'est adapté à des terres arides et caillouteuses sous un climat méditerranéen sec. Mais les incendies, qui font normalement partie du cycle naturel de régénération de la garrigue, peuvent devenir plus ravageurs et détruire durablement l'écosystème s'ils se multiplient et s'étendent à cause d'une sécheresse répétée. 



 
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