Selon une étude conduite par Ifremer Sète, l'eau du bassin de Thau serait qualitativement aussi proche que celle de 1970. Une bonne nouvelle pour cette lagune fragile qui n'a pas toujours été à la fête.
L'eau de la lagune de Thau a retrouvé une bonne qualité, identique à celle du début des années 70. C’est la conclusion d’une vaste étude menée par Ifremer sur l'état du milieu côtier en France. Cette étude a été publiée le 9 juillet.
50 ans de données
C'est un travail qui s'appuie sur un demi siècle de données. Un travail conduit par Ifremer Sète. L'étang de Thau, espace préservé en raison de son écosytème fragile a fait l'objet de nombreuses études depuis les années 70. Les scientifiques d'Ifremer ont accumulé de nombreuses données qui attestent d'un vrai changement.Selon Valérie Derolez, l'auteure de cette étude, la lagune est sous surveillance constante. Ces données recueillies permettent de retracer l'historique de l'étang.
La multiplication des rejets d’eaux usées bourrées de nitrate et de phosphate a contaminé la lagune.
Cette espace lagunaire ouvert qui reçoit de l'eau douce et de l'eau de mer est d'une grande complexité. Il abrite de nombreuses espèces endémiques comme l'hippocampe et il est particulièrement réputé pour la culture des coquillages notamment des huîtres.
Des investissements importants de la part des collectivités
Quand on fait le tour de l'étang, on est frappé par la grande diversité des paysages mais aussi par la proximité des villes. Depuis la fin des années 70, la population a augmenté. Mèze et son joli petit port est passé en 50 ans de 5 000 à 12 000 habitants et a vu sa densité presque triplé. Henry Fricou son maire, qui est aussi vice président de la communauté Sète Agglopole Méditerranée, reconnait que depuis les années 2000 beaucoup de chemin a été parcouru.A partir des années 1980, une prise de conscience collective a permis de lancer des travaux d’assainissement et d’amélioration des stations d’épuration à Sète comme à Mèze. Ces stations d'épuration qui vont capter les égouts des populations vivant autour de l'étang, le résultat sera quasi-immédiat, notamment l'été en période de grosse chaleur et avec la surpopulation dues aux vacanciers. Les taux de nitrate et de phosphate ont chuté.Ce sont des efforts qui ont été menés par la commune avec l'aide de l'agglomération. Le port par exemple s'est doté d'une aire de carrénage qui n'existait pas avant. Il n'y a plus de rejets à l'étang. On a aussi traité les eaux de ruissellement avec l'installation de nombreuses martelières. Et puis il y a eu un travail de fond, de sensibilisation à la lagune.
L'absence de nutriments et de plancton inquiètent les conchyliculteurs
Mais cette amélioration très nette de la qualité de l'eau, et le retour des herbiers sauvages, n'est pas toujours de nature à rassurrer les professionnels. Si les efforts consentis pour endiguer les problèmes de mauvaises eaux "malaïgues" et lutter contre les pollutions les rassurent, ils ont constaté depuis quelques années une baisse de la qualité nutritive de cette même eau.Conséquence de cette raréfaction du plancton, la pousse des coquillages est beaucoup plus lente que par le passé. Certaines espèces comme les palourdes ont même quasiment disparu.On est sur des logiques d'équilibre entre l'eutrophisation, c'est à dire un milieu trop riche ou oligotrophe, c'est à dire l'inverse trop pauvre en nutriments. Alors que la lagune a trouvé son équilibre depuis des millénaires, il nous faut nous, trouver le juste milieu. Et la marge est étroite pour ne pas fragiliser l'écologie ou l'économie. C'est délicat.
La surpêche est l'une des raisons qui expliquent la disparition de ce bi-valve mais la profession pointe aussi du doigt l'appauvrissement du milieu en élèments nutritifs. On voit bien que l'étang est un écosystème extrêmement sensible, qui demande à la fois une grande expertise mais aussi de l'adaptation. On ne peut faire n'importe quoi, au risque de déstabiliser un environnement naturel et économique.
L’étang de Thau est un des rares exemples de restauration à long terme d’une lagune. C’est un cas remarquable de résilience observé avec le recul suffisant pour servir de référence pour d’autres lagunes en danger comme les étangs autour de Palavas.
Rappelons que l'étang de Thau fait vivre prés de 2.000 personnes et ce bassin ostréicole de 1.300 ha (la lagune fait 6.800ha) est de loin le plus important de Méditerranée avec 90% de la production conchylicole.