"Il va y avoir des morts" : les pêcheurs dans la tourmente après la fin annoncée de l'aide aux carburants

L'aide gazole pour les navires de pêche était en vigueur depuis mars 2022. Une ristourne de 20 centimes hors taxe du litre de gazole qui prendra fin le 15 octobre prochain. Elle permettait aux professionnels de survivre et de garder la filière pêche à flot face à l'inflation des coûts de l'énergie.

Les professionnels de la pêche s'y attendaient depuis des semaines, la fin des aides gazole vient d'être confirmée par le secrétaire d'État à la mer. Elle prendra effet après le 15 octobre prochain.

"La pêche française au bord du gouffre"

L'amortisseur de la crise énergétique mis en place par l'Etat pour aider la pêche française a donc vécu.

Pour beaucoup d'entreprises, la fin de l'aide de 20 centimes par litre de gazole, va entraîner des conséquences financières dramatiques.

C'est un mauvais coup supplémentaire parmi d'autres pour les pêcheurs et un coût exorbitant pour nos entreprises. Avec l'arrêt des aides, la part du gazole dans nos charges va passer de 15% à 40%. Il va y avoir des morts.

Bernard Perez, président du comité des pêches d'Occitanie et 2e vice-président du comité national

Le litre de gazole pêche était de 45 centimes il y a 18 mois, il est aujourd'hui de près de 1€. Sans les 20 centimes d'aides, certains bateaux ne pourront plus prendre la mer car ils travailleront à perte.

Même son de cloche du côté de l'association interprofessionnelle France Filière Pêche, structure qui favorise les rencontres et les échanges entre les acteurs économiques de la pêche.

L’impact du coût du carburant sur les charges des entreprises de pêche n’est plus tenable, le coût de l’électricité pour l’ensemble des entreprises de l’aval non plus. Conjugué à une baisse importante des volumes débarqués, ce sont toutes les criées, entreprises de mareyage, grossistes, poissonniers et distributeurs qui se retrouvent, à leur tour, en grande difficulté.

Communiqué France filière pêche.

Les assises de la pêche sous haute tension

À la veille des assises de la pêche, prévues à Nice jeudi et vendredi, le comité national des pêches (CNPMEM) hausse le ton, rappelant la capacité de mobilisation des pêcheurs, tandis que l'association France Filière Pêche (FFP), l'interprofession regroupant tous les acteurs du secteur, estime qu'il ne revient pas à la filière de "pallier les manquements du gouvernement".

"La crise subie depuis plusieurs mois (coût des carburants, énergie) est accentuée par une réduction nette de la valorisation des poissons et du prix payé au pêcheur", affirme le Comité national des pêches à l'AFP.

De promesses en déceptions, les principales organisations représentant le secteur de la pêche ont dénoncé ce mercredi le "désengagement" de l'État dans un secteur "au bord du gouffre", après la confirmation de la fin de l'aide au carburant.

De la colère... au blocus des ports ?

La profession estime que le gouvernement ne s'est pas assez battu pour obtenir de Bruxelles la possibilité de prolonger des aides et de modifier leurs plafonds (fixés par entreprise, quel que soit leur nombre de navires) dans le contexte de la guerre en Ukraine.

"Depuis deux ans, l'État a répondu à l'urgence, mais sans définir les conditions d'une solution pérenne pour le secteur ni afficher d'ambition concrète pour la pêche française pour les 20 prochaines années", estime le comité national.

La fin de l'aide gazole sera-t-elle la goutte d'eau de trop pour les pêcheurs ? Des réunions sont prévues dès ce mercredi soir et jusqu'à vendredi, à Nice, en marge des Assises de la pêche.

Des actions de protestation dans les semaines à venir ne sont pas exclues.

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