L’étang de Thau connaît un étrange phénomène depuis 2017. Les palourdes y sont de plus en plus rares. Plus inquiétant encore, leur taux de mortalité dépasse les 90%. Un véritable mystère aquatique pour les biologistes et les pêcheurs.
Plus une seule palourde sur les étals, chez les vendeurs de coquillages ce matin là, à Bouzigues au bord de la lagune de Thau, dans l'Hérault.
Et c'est ainsi chaque jour, depuis que le bassin sétois se vide de ses clovisses, ses coques et ses palourdes.
Les palourdes, c'est l'or gris qui a permis durant tant d'années aux pêcheurs de joindre les deux bouts...
Avant 2007, les pêcheurs pouvaient ramasser jusqu'à 100 kilos de palourdes par semaine. Aujourd'hui, ils en prélèvent au mieux, 5 à 10 kilos.
A l'époque, il y avait 700 à 800 pécheurs, aujourd'hui, il en reste 150 avec une licence. On a connu la ruée vers l'or mais c'est bien fini" déplore Jean-Marie Ricard, pécheur prud'homme major.
Alors au printemps 2017, ils ont voulu comprendre la ou les causes de ce désastre. Certes, il y a eu la surpêche de coquillages qui a épuisé la ressource durant des dizaines d'années mais pas seulement.
Les pécheurs et le Cépralmar, le Centre d'étude pour la promotion des activités lagunaires et maritimes, ont procédé à un réensemencement en palourdes locales d'une partie de la lagune, sur près de 1.600 m2.
Résultat, ce fut un échec total. Aucune palourde n'a survécu. Mais on ne baisse pas les bras, une nouvelle étude va démarrer.
On va poser sur 3 ou 4 sites de la lagune des quadras, des carrés de 50X50cm avec quelques palourdes à l'intérieur et on va suivre chaque mois l'évolution des coquillages. D'abord pour comprendre ce qui se passe puis trouver les causes de la mortalité des palourdes" explique Jean-François Holley, directeur-adjoint du centre d'étude Cépralmar.
Le réchauffement climatique est lui aussi pointé du doigt, il pourrait être l'un des multiples facteurs de cette mortalité, à cause de la hausse de la température moyenne de l'eau du bassin.
Cofinancée par la Région Occitanie et le département de l'Hérault, l'opération devrait démarrer à la rentrée de septembre. Elle concernera aussi l'étang d'Ingril, appartenant lui au complexe lagunaire des étangs palavasiens.