Ils voulaient marquer le coup... A quelques jours de la remise de l'enquête publique, les opposants à la LNMP, ligne nouvelle Montpellier-Perpignan, ont voulu former une chaîne humaine, visible depuis le ciel. L'action menée ce dimanche, à Mèze, dans l'Hérault, par les militants de l'association ALT matérialisait en fait le tracé de la future ligne grande vitesse.
Ils ont fait une chaîne humaine de plus de 300 mètres de long à travers le paysage, avec des hommes, des femmes et de enfants, pour symboliser les rails de la future LGV entre Montpellier et Béziers. Une infrastructure ferroviaire qui devrait voir le jour dans 10 à 12 ans, dans cette zone historique et naturelle encore préservée.
Une LGV sur la Via Domitia
La chaîne humaine a en fait pris place sur la voie Domitienne, l'ancienne voie romaine qui reliait l'Italie à l'Espagne en passant par la Gaule narbonnaise. Un monument qui date de 118 avant notre ère.
"C'est un patrimoine de plus de 2000 ans et c'est le plus ancien monument romain d'Occitanie, c'est pour cela qu'il faut le défendre".
Brigitte Pierre, présidente de "Si la Via Domitia m'était comptée".
La ligne LGV, beaucoup sont pour, mais le tracé retenu par l'enquête publique, ils sont contre.
"Il est prévu qu'un viaduc soit construit ici avec des trains passant à 320km/h. Ils vont générer que de la tristesse et de la démolition dans ces beaux paysages. C'est juste inadmissible" explique Jean-Christophe Darnatigues, membre de l'association Alerte LGV sur Thau (ALT).
Le rendez-vous fixé dans une propriété viticole
Plus tôt dans la matinée, associations, riverains et élus s'étaient donnés rendez-vous dans un mas viticole.
La famille propriétaire du domaine verra ses terres, ses vignes, amputées de 25% de leur surface, sans compter les autres inconvénients et nuisances.
"Il y a toute une phase de travaux en amont qui va être très longue avec des nuisances nuit et jour, des camions. Toutes nos activités liées au tourisme et à la restauration vont être fortement perturbées par tout ça, le vignoble et le paysage aussi. Après, il y aura les TGV, le bruit etc..." se lamente Julie Beaunon, exploitante du domaine de Creyssels.
Alors, les militants proposent à l'Etat et à SNCF Réseau, un autre tracé, plus près de l'A.9.
"Il faut coller le tracé de la ligne LNMP à l'actuelle autoroute A9. Cela réduira d'une part les nuisances sonores et d'autre part l'expropriation de terres fertiles. Des parcelles précieuses pour la biodiversité".
Eric Boisseau, expert ferroviaire pour l'association ATL.
Mais cette proposition rajoute un temps de trajet de 10 minutes environ, ce qui n'est pas le but recherché quand on veut créer une LGV où justement chaque minute gagnée compte et surtout coûte des dizaines de millions.
La date de remise du rapport de l'enquête publique est fixée au 30 mars prochain.
2 phases de travaux entre 2030 et 2045
La phase 1 des travaux entre Montpellier et Béziers (52km) devrait démarrer en 2030 pour une mise en service en 2034. Coût = 2,1 milliards d'€.
Pour la phase 2, Béziers-Perpignan (98km), il faudra attendre au moins 2040 voire 2045.
6 milliards d'euros pour la LGV Montpellier-Perpignan
A terme, la ligne à grande vitesse reliant Montpellier à Perpignan devrait coûter un peu plus de six milliards d'euros. Une fois réalisée, on pourra faire Paris-Perpignan en 4h20, contre 5h10 aujourd'hui. Et surtout, cette ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP) facilitera la connexion entre Europe du nord, Allemagne et Espagne via Lyon, Nîmes, Béziers, Barcelone jusqu'à Madrid.