Ils avaient manifesté leur opposition en force à Port-La-Nouvelle. Les patrons de chalutiers de Méditerranée sont en partie soulagés : le nombre annuel de jours de pêche autorisés ne sera pas réduit de 15%, mais de 7,5%. Ils dénoncent cependant un seuil de rentabilité limite désormais atteint.
En parallèle aux discussions du Brexit et des quotas de pêche de l’Union Européenne pour les stocks partagés avec la Grande-Bretagne, les pêcheurs français de notre façade méditerranéenne étaient aussi concernés par l’étude du plan de gestion soumis à décisions des 27 ministres européens de l’Agriculture et de la Pêche
Après une nuit d’âpres négociations, les trois pays européens de cette façade maritime méditerranéenne (Espagne, France et Italie) ont réussi à limiter la casse avec un compromis : la proposition de la Commission européenne de réduire de 15% l'effort de pêche (nombre de jours en mer) en 2021…a été « coupée » en deux.
Déjà revu à la baisse de 10% en 2020, le nombre de jours de pêche ne sera finalement réduit que de 7,5% l’an prochain.
La ministre de la Mer Annick Girarddin s’est réjouie de ce compromis : " J'ai défendu fermement les intérêts des pêcheurs français et de la filière en Méditerranée. »
A l'inverse, le commissaire à l'Environnement Virginijus Sinkevicius a regretté auprès de l'AFP " que les ministres n'aient pas pris complètement en compte les recommandations scientifiques en approuvant des efforts plus ambitieux. Cela aurait permis de reconstituer les stocks de poissons à des niveaux durables en préservant à long terme la viabilité des pêcheurs", rappelant que "19 des 22 stocks d'espèces démersales concernées font l'objet d'une surpêche dramatique".
Une position partagée aussi par plusieurs associations et ONG environnementales.
"Cela va être quand même compliqué !"
Du côté des pêcheurs les réactions sont mitigées et ce n'est pas un sentiment de victoire complète.
L'organisation de pêcheurs CNPMEM a salué auprès de l'AFP "la pugnacité de la ministre et de son équipe pour avoir permis aux pêcheurs français de pouvoir poursuivre leurs activités et assurer la rentabilité économique de leurs entreprises, notamment pour celles en Méditerranée, même si les mesures de gestion moins strictes que celles proposées par la Commission européenne vont rester impactantes".
Bernard Pérez, Président du CRPMEM (Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins) d’Occitanie est lui trés pessimiste : "C'est 7,5% de réduction par rapport aux années de référence en fait...mais c'est 9% de réduction par rapport à 2020, où on nous avait déjà baissé le nombre de jours de 10% par rapport à ces mêmes années de référence."
Concrètement, cela ne nous fera plus que 178 à 180 jours de pêche par an. Nous sommes à notre seuil limite de rentabilité ! 50% de la flotte risque de s'arrêter !
Surtout que la situation économique est encore plus compliquée depuis la crise sanitaire Covid-19 : "Le début du mois de décembre a été catastrophique avec la fermeture des restaurants. Nous vendons notre poisson aux mareyeurs, mais à des prix qui ont chuté. Heureusement à l'approche des fêtes cela remonte un peu."