Sète : la tentative de déplacement du Rio Tagus avorte, le cargo restera dans le port tout l'été

Abandonné dans le port de Sète depuis 2010, le cargo Rio Tagus devait être déplacé jusqu'à Brest par une société de déconstruction navale. L'opération a dû être suspendue. En cause : des eaux polluées accumulées dans le bateau ont fui dans le canal.

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Nouvel épisode dans la longue épopée du Rio Tagus. Le cargo de 80 mètres de long, stationné dans le port de Sète depuis 2010, est à l'état d'épave. Cette semaine, une barge de la société Navaleo devait le remorquer jusqu'à Brest afin de procéder à sa déconstruction. Mais cette opération a dû être reportée et le chantier suspendu. En raison de l'état de dégradation avancée du navire, des eaux polluées ont fui dans le canal. 

Des eaux de ballast dans le canal

Lors des repérages précédant l'opération de remorquage, les techniciens de lamanage ont constaté qu'une grande quantité d'eaux de ballast se trouvait encore à l'intérieur du bateau. Un ballast est un grand réservoir rempli d'eau de mer permettant d'optimiser la navigation. Ces fluides peuvent contenir des résidus de ferraille, de rouille, des traces de produits polluants, mais aussi des organismes potentiellement pathogènes. En l'absence de traitement approprié, le déversement de ces eaux favorise la prolifération d'espèces exogènes et invasives qui peuvent fragiliser certains écosystèmes marins et fluviaux.

Alors qu'une première tentative de déplacement du bateau s'amorce, les opérateurs constatent des fuites de ces eaux de ballast. Selon Olivier Carmes, directeur général du port de Sète-Sud de France, ces fluides ont fui dans le canal en raison de l'état de dégradation avancé du navire. Il évoque d'abord des "fuites importantes," avant d'utiliser le terme "micro-fuite" et "micro-pollution".

Un barrage flottant anti-pollution a immédiatement été déployé par la capitainerie. 

Selon Olivier Lebosquain, directeur de la société Navaleo, il s'agit uniquement d'une mesure "de prévention". Il nie quant à lui toute forme de pollution. 

Il n'y a pas de danger de pollution aujourd'hui. Nous avons dû reporter le transfert pour des raisons techniques. Une fois ces questions réglées, nous reprendrons l'opération dans les prochaines semaines.

Olivier Lebosquain, directeur de la société Navaleo.

Olivier Lebosquain a refusé de préciser la nature exacte de ces "raisons techniques" et a signalé ne plus vouloir communiquer sur cette opération. Il tient en revanche à souligner que l'entreprise ne renonce pas à ce chantier, qui est seulement "reporté".

Une pollution plus importante ? 

Une source qui souhaite rester anonyme avance que les eaux de ballast n'auraient pas fui, mais auraient été déversées par l'entreprise. Etant donné que le cargo pèse 970 tonnes à vide et que les "eaux sales" font monter ce chiffre à 1600 tonnes, ce sont environ 630 tonnes d'eaux de ballast qui étaient stockées dans le navire. Cette même source souligne que l'entreprise de déconstruction aurait dû déployer le barrage anti-pollution en amont de toute opération, et non après les fuites.

Olivier Carmes, directeur du port de Sète, dément cette version.

"Contrairement à ce que certains propos avancent, en aucun cas les eaux de ballast n’ont été déversées dans les canaux. C’est quelque chose qu’on a toujours extrêmement surveillé."

Olivier Carmes, directeur du Port de Sète - Sud de France.

Le navire de dépollution présent depuis 15 jours dans le port de Sète s'est chargé de traiter cette micro-pollution dimanche. "Quand on bouge une épave restée à quai depuis près de 10 ans, qui est dans un état extrêmement dégradé, évidemment un certain nombre de risques est pris. Mais le plus gros risque que nous avons désormais, c’est de maintenir le navire à quai. Il risque de couler."

Une immobilisation trop coûteuse

Une chose est sûre : la barge de Navaleo, le Yacht Express, ne pouvait pas attendre que les opérations de colmatage et de pompage s'achèvent. "Le Yacht Express ne pouvait rester à quai que deux jours. Sinon, nous avions des pénalités de retard extrêmement importantes", explique Olivier Carmes. "Le Conseil Régional [qui finance ce chantier, NDLR] a donc décidé de reporter le remorquage à la prochaine rotation du Yacht Express d’ici un ou deux mois. Le Rio Tagus est là depuis onze ans, alors attendre quelques semaines supplémentaires en essayant de limiter tous les risques, ça semble raisonnable !"

Le Rio Tagus passera donc un nouvel été à Sète, sur le quai Paul Riquet. Il sera ensuite remorqué vers Brest, où il sera démantelé au sein d'un site homologué. 

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