Un café solidaire a ouvert ses portes en janvier dernier, dans l'enceinte d'une maison de retraite à Frontignan. Ce sont des résidents de plusieurs EPHAD de la commune qui ont eu cette idée. Ce lieu, ouvert aussi aux habitants du quartier, leur permet de rencontrer de nouvelles personnes, de toutes générations.
Depuis quatre mois, un café pas comme les autres fonctionne au sein d'une maison de retraite à Frontignan, dans l'Hérault. Ce sont les résidents de plusieurs Ehpad de la commune qui ont eu cette idée : créer un lieu ouvert à tous, y compris aux habitants du quartier.
Tout a commencé à cause d'un baby foot. Les résidents de l'Ehpad en réclamaient un, mais la direction ne savait pas où le mettre dans les locaux. Tout le monde s'est mis d'accord sur le fait que la place d'un "baby", c'est au bistrot. Restait donc à monter un bar !
La solution a été rapidement trouvée : un garage inutilisé, jouxtant la maison de retraite, a été transformé en café solidaire.
Les résidents au service
Soutenues par des associations caritatives, trois maisons de retraites publiques ( A.France, Saint-Jacques et la Gardiole) se sont associées pour monter ce projet.
Pour autant, ce sont les résidents qui ont tout choisi : le mobilier, la décoration et jusqu'au nom à double sens du café baptisé : "génération MDR" comme "maison de retraite" et "mort de rire".
Depuis son ouverture, avec l'aide des employés de trois Ehpad et de bénévoles, les résidents se relaient pour servir les boissons sans alcool aux clients.
On y propose même des crêpes. Ce jour-là, c'est Claude qui était aux fourneaux : "J’aime bien voir un peu de monde, il faut sortir un peu parce que, au bout d’un moment ça va, quoi... Donc, je fais des crêpes et je fais des gaufres" raconte-t-elle aux côtés de Jean Maurice, 63 ans, ravi d'être affecté est au service en salle.
Des rencontres inter-générationnelles
Dans ce café solidaire, tout le monde est bienvenu. C'est d'ailleurs son but : permettre aux résidents de rencontrer des gens du quartier.
Ce jour là, Henri, "101 ans et demi" comme il aime le préciser, a papoté avec Wendy, qui travaille comme animatrice scolaire dans une maternelle toute proche.
"Je suis venue sur mon temps libre", explique la jeune femme. "Je voyais souvent cet endroit, mais je n’avais pas encore eu la possibilité d’y aller. J’avais envie de découvrir le lieu et de me rapprocher un peu des résidents que je côtoie aussi, mais de loin finalement, en travaillant en face."
Avec Henri, membre fondateur du café, ils ont parlé de la sagesse de l’âge, de l’expérience de la vie : "Malgré nos nombreuses années d’écart, on arrive à trouver plein de sujets intéressants ! " souligne Wendy dans un sourire.
"Nous sommes réunis à une dizaine de personnes avec l’idée de faire quelque chose, aussi bien pour les résidents que pour les gens de l’extérieur" explique Henri sur son fauteuil roulant. "Ça permet aux résidents d’avoir un endroit pour recevoir leur famille, parce que, vous savez, à l’intérieur, il y a beaucoup de gens fatigués, malgré tout, c’est un Ehpad".
Cela m’apporte beaucoup, c’est une espèce de liberté que l’on a d’aller et venir. On a l’impression de vivre une autre vie.
Henri, résident de l'EHPAD
Même si les résidents reconnaissent que de nombreuses activités et sorties leur sont souvent proposées au sein de leur maison de retraite, ce café, même situé juste à côté, forme comme un trait d'union avec le monde du dehors.
"Petit à petit, les gens s’approprient le lieu. Leurs familles aussi. La sortie devient une sorte de rituel pour certaines personnes", affirme Aurélie Masson, la directrice des maisons de retraite publiques de Frontignan.
Vu son succès, ce café, qui fonctionne trois après-midi par semaine, devrait monter en puissance pour ouvrir du lundi au vendredi, de midi à 18h.
Les recettes serviront à financer des animations et des sorties pour les résidents.