Un journaliste spécialisé dans le vin a été condamné mercredi à Paris pour "injure publique à raison du sexe" envers la caviste, blogueuse et autrice belge Sandrine Goeyvaerts, sur fond de polémique autour d'une caricature sexiste.
Le tribunal correctionnel a infligé à Vincent Pousson une peine de 1 000 euros d'amende avec sursis et lui a ordonné de verser à la plaignante 4 000 euros de dommages et intérêts et 2.000 euros au titre des frais de justice. Dans un message posté sur Facebook en décembre 2020, il avait traité la caviste de "mégère" et de "poissarde", termes qui relèvent bien de "l'injure à caractère sexiste", avait estimé la procureure à l'audience, le 24 novembre.
Une caricature publiée en 2020
L'affaire trouve son origine dans la publication en novembre 2020, par la revue d'œnologie En Magnum, d'une caricature, relayée sur les réseaux sociaux, où figure une jeune caviste en robe décolletée proposant des faveurs sexuelles à un client. "A partir du moment où je me suis positionnée (sur Twitter) en interrogeant le sexisme de la caricature, je me suis heurtée à un mur de propos haineux, dénigrants", avait expliqué Sandrine Goeyvaerts à la barre.
En réaction, elle publie un article sur le site du groupe d'audiovisuel belge RTBF intitulé "Cyberharcèlement, insultes: le monde du vin n'est pas épargné", qui renvoyait, parmi d'autres exemples, à un article de Vincent Pousson. "Une mégère belge me donne des leçons d'élégance", "la poissarde n'a rien trouvé de mieux que d'instruire un procès stalino-mélenchoniste pour sexisme", avait répliqué ce dernier quatre jours plus tard, dans un post assorti d'une photo de Sandrine Goeyvaerts en maillot de bain, issue de son profil Instagram.
"J'aimerais bien pouvoir parler vin"
Très émue, la plaignante avait détaillé à l'audience les répercussions sur sa vie professionnelle: "dès que je parle à quelqu'un dans le milieu du vin, je suis 'la personne qu'on a insultée'. Deux ans après, j'aimerais bien pouvoir parler vin". Le blog qu'elle tenait depuis 2012, La Pinardothèque, est aujourd'hui en sommeil, et elle s'"auto-censure" sur les réseaux sociaux. "C'est sa liberté (...) de ne pas aimer les femmes dans le monde du vin. Il n'a juste pas le droit d'être injurieux", avait plaidé son avocat, Eric Morain.
Installé en Occitanie, à la frontière de l'Hérault et d' l'Aude, Vincent Pousson était absent à l'audience. Son avocate, Hélène Simon-Grassa, a nié le caractère sexiste de ses propos, plaidant l'"excuse de provocation" dans un contexte de "débat entre deux personnages qui n'hésitent pas à dire ce qu'ils pensent".
Ecrit avec AFP.