Au cœur de l’Hérault, le lac du Salagou fait face à une invasion silencieuse : celle des écrevisses américaines. Introduite probablement par l'homme, cette espèce prolifère sans limite. Elle ne semble pourtant pas représenter de véritable menace pour l'instant.
Sur les berges du lac du Salagou, dans l'Hérault, il suffit de se baisser pour ramasser des écrevisses américaines. Ces crustacés, devenus omniprésents, alimentent les conversations des promeneurs et des pêcheurs. "Elles sont en grand nombre la nuit", témoigne un promeneur. "Attention, tu vas te faire pincer", plaisante une autre.
Le lac, créé à la fin des années 1960 pour l’irrigation de la rivière Salagou, aurait pu être un refuge idéal pour l’écrevisse blanche, espèce autochtone des ruisseaux de la région. Cependant, l’écrevisse américaine, probablement introduite par l’homme, a pris possession des lieux, évinçant peu à peu ses congénères locales.
Aujourd’hui, aucun recoin du lac n’échappe à la présence de cette espèce invasive.
"En tout cas, les gens qui naviguent, les gens qui bossent comme nous, ça ne nous dérange pas spécialement. Maintenant, est-ce que ça peut nuire à d'autres espèces ? J'en suis quasiment persuadé. C'est invasif, je pense", témoigne Thomas Piwowarczyk, éducateur sportif voile à la base nautique du Salagou.
Elles transmettent un champignon
Bien que tolérées par les usagers du lac, les écrevisses américaines, représentent-elles une menace environnementale sérieuse ? L’une des caractéristiques les plus problématiques de cette espèce est sa capacité à transmettre un champignon fatal aux autres espèces d’écrevisses. De plus, ces crustacés opportunistes profitent des périodes de fortes pluies pour étendre leur territoire, se déplaçant de flaque en flaque à la recherche de nouveaux habitats.
Malgré leur prolifération rapide, l’écrevisse américaine ne semble pas affecter directement la biodiversité du lac pour le moment.
"Le lac du Salagou est un peu particulier, c'est un plan d'eau artificiel où il y a eu beaucoup d'espèces introduites en poissons. Il y a de tout. Il est très riche au niveau qualitatif et quantitatif en poissons. La présence de ces écrevisses ne démontre pas qu'elles altèrent les populations de poissons", explique Pascal Arnaud, inspecteur environnement à l’Office français de la biodiversité.
La pêche des écrevisses américaines est d’ailleurs autorisée au lac du Salagou sans limite de taille ni de quantité, à condition de respecter certaines règles. Les pêcheurs doivent impérativement détenir un permis et transporter ces écrevisses mortes, une mesure visant à limiter leur propagation et à freiner leur appétit pour la conquête de nouveaux territoires.
Écrit avec Carine Alazet.
