Le cinéaste Jean-Pierre Mocky est mort jeudi 8 août, a annoncé sa famille. Retour sur son tournage insolite à Mende en 1988, celui au château de Lavagnac à Montagnac en 1986-1987 et à Agde, en 2005, où le plus inclassable des réalisateurs français s'est laissé séduire par la "sympathie" des lieux.
Au cours de sa carrière, Jean-Pierre Mocky a tourné avec les grands acteurs de Bourvil à Catherine Deneuve en passant par Charles Aznavour et Gérard Depardieu. Il est l'auteur de plus d'une soixantaine de films dont "Un drôle de paroissien" avec Bourvil ou encore "A mort l'arbitre" avec Michel Serrault et Eddy Mitchell.
En 2003, c'est à Agde qu'il se rend pour faire du repérage.
Retrouvez le reportage de l'époque :
Séduit par les lieux, la "sympathie" et les "rapports directs", le cinéaste revient en 2005 pour le tournage d'un film autour du thème du bénévolat avec Michel Serrault, Bruno Solo, Bernard Farcyou encore Jean-Claude Dreyfus. Le Bénévole sera le premier long-métrage tourné dans l'Hérault, près de la Méditerranée.
Ce sera vraiment un film à Agde. Il y aura une belle distribution, plus des habitants, explique le réalisateur.
Bien avant, en 1988, c'est à Mende que Jean-Pierre Mocky, a posé ses caméras, pour un court-métrage étonnant. Le réalisateur tournait un documentaire sur le Trèfle Lozérien, pour France 3, une course motocycliste se déroulant sur 3 jours, en Lozère.
Encore avant entre 1986 et 1987, Mocky tourne dans l'Hérault, Les Saisons du plaisir qui sortira en salle en 1988. Une comédie loufoque sur des centenaires avec une affiche incroyable. Charles Vanel, Denise Grey, Stéphane Audran, Jacqueline Maillan, Fanny Cottençon, Eva Darlan, Bernadette Laffont, Jean Poiret, Darry Cowl, Sylvie Joly et Jean-Pierre Bacri, entre autres. Coproduction de C+ et France 3.
Ce sera le dernier rôle au cinéma pour Charles Vanel. L'avant-dernier rôle au cinéma pour Denise Grey. C'était le 2e rôle au cinéma pour Judith Godrèche.
Le film a été tourné au Château de Lavagnac à Pézenas et à Montagnac dans l'Hérault.
A la 14e cérémonie des Césars en 1989 : Les Saisons du plaisir a été nominé au César de la meilleure affiche.
"Talentueux, irrévérencieux et insurgé du quotidien"
Le cinéaste tenait une place à part dans le cinéma français. Premier à réagir à l'annonce du décès du réalisateur, Jack Lang, qui était son ami, a rendu un hommage appuyé au cinéaste "talentueux irrévérencieux et insurgé du quotidien". "Sa filmographie était à son image : caustique, anticonformiste, loin des clichés. Ses films n'épargnaient rien ni personne, et dénonçaient inlassablement les travers et les dérives de la société. En vieil et irréductible anarchiste, c'était un provocateur outrancier qui cachait une âme sensible et cultivée. Écorché vif et éruptif, il agaçait souvent, mais sa parole et ses mots avaient toujours la justesse et la vérité des révoltés", a ajouté l'ancien ministre de la Culture.Dans un entretien publié par Le Figaro en 2014, le cinéaste avouait crûment : "J'ai connu 27 ministres de la Culture; sur ces vingt-sept, il y a eu un type formidable à droite, Malraux, et un type formidable à gauche, Lang. Les vingt-cinq autres étaient des nuls". L'Elysée a indiqué dans un communiqué : "Sa liberté, sa démesure, son impertinence, son regard caustique, sa gouaille râleuse manqueront au cinéma français. C'est un sublime et salutaire impertinent que la France perd et pleure aujourd'hui".