À deux jours de l’hommage national qui sera rendu aux victimes des attentats de Paris, François Hollande a appelé les Français à mettre un drapeau national à leurs fenêtres. Les producteurs d'étendards sont débordés par l'afflux de demandes.
François Hollande a appelé les Français à mettre un drapeau français chez eux. Les vendeurs Toulousains de drapeaux constatent une explosion des demandes, mais pas seulement depuis la requête du Président de la République.
"Nous ne sommes pas encore en rupture de stock mais nous avons une demande très importante depuis le lendemain des attentats. Cette demande provenait des particuliers, mais les entreprises se mettent, elles aussi, à pavoiser"
Une hausse des ventes depuis les attentats
Si les ventes de drapeaux tricolores sont actuellement 4 fois supérieures à celles enregistrées habituellement à Toulouse, la requête du président de la République, qui a appelé les Français à pavoiser leur domicile vendredi 27 pour s’associer à la cérémonie aux Invalides, n'a eu que peu d'effet sur cette hausse, selon les professionnels de la vente de banderoles et étendards en tout genre.
"Depuis deux semaines nous croulons sous les demandes de drapeaux Français alors que nous ne vendons que des drapeaux occitans. Les gens veulent tous rendre hommages aux victimes des attentats de Paris".
Depuis le 13 novembre, on n'a pas pu passer à côté : les drapeaux, dont les ventes explosent, ont fleuri ailleurs : sur les réseaux sociaux, Facebook a suggéré à ses abonnés de glisser un filtre tricolore, critiqué par certains, sur leurs portraits. Sur les lieux des attentats, aux côtés des fleurs et des messages d’hommage aux victimes.
Au lendemain des attentats de Paris, spontanément, les particuliers ont eu l'envie de réaffirmer leur sentiment patriotique, mais pas que. Soudainement, le drapeau Français a le vent en poupe. Ostensiblement, la bannière tricolore est arborée. Elle est "déringardisée" car elle est devenue un signe contestataire, réfractaire même. Au même moment, le hastag #boireunverreaubistrot et autres dérivés, deviennent des valeurs universelles, et s'associent au drapeau Français.
"Afficher un drapeau n'est pas un acte aussi anodin en France. Ce n'est pas quelque chose qui est complètement assumé par les Français en temps normal, c'est pour cela que ce regain d'intérêt est remarquable", affirme Laurence Charier, professeur de sociologie à l'université du Mirail.
Car oui, le drapeau est né juste après la révolution française et la guillotine, il n'a pas pu devenir un symbole fédérateur mais plutôt un emblème acrimonieux.
Le journal Le Monde, lui, évoque un rapport "schizophrène" et un malaise en raison de l'usage du drapeau par les colonialistes, le régime collaborationniste de Vichy pendant la guerre et le Front national, parti d'extrême droite.
Risque de dérive nationaliste
"Cet engouement a naturellement mené à une explosion des ventes ", constate t-on à l'entreprise Photon, spécialisé dans la création de banderoles et drapeaux à Toulouse. "Les gens commandent le drapeau, mais se renseignent aussi sur la façon de le mettre en berne." Le rappel des valeurs républicaines s'opère à travers la renaissance du drapeau et ne représente actuellement ni l'état ni aucune religion. Mais c'est surtout la célébration d'un mode vie qui a lieu et qui exclut de fait les particularismes sociaux ou religieux. Pour éviter tout rejet de l'autre, la résurrection du drapeau français doit s'accompagner d'une réaffirmation de la tradition d'accueil des étrangers du siècle dernier.
Vidéo : le reportage de Christophe Neidhardt et Frédéric Desse