Le géant américain IBM a annoncé l'ouverture près de Montpellier, de son premier centre en France dédié au "cloud public". Il permettra de stocker sur le territoire national des données informatiques stratégiques.
"Nous investissons depuis 2009 en France dans le "cloud", pour cette seule année-là nous avions investi 300 millions d'euros en datacenters. Cette nouvelle offre n'est qu'une étape de plus", a déclaré à l'AFP le président d'IBM France, Alain Bénichou.
Ce nouveau centre complète les six autres centres "cloud" d'IBM déjà implantés dans le monde (deux aux Etats-Unis et les quatre autres en Allemagne, au Japon, à Singapour et au Canada) et "permet aux clients français et étrangers de localiser dorénavant leurs données en France", souligne le communiqué.
Déjà opérationnel, le centre, qui s'adresse "au plus grand nombre, PME et collectivités locales" notamment, "héberge un large bouquet de prestations et de plateformes de services optimisés, qui permettront ainsi aux clients de bénéficier de l'incroyable potentiel du "cloud computing"", est-il précisé.
L'informatique "en nuage" ou "cloud computing" permet de gérer à travers le web des données informatiques stockées dans des serveurs distants.
"Notre offre est cryptée de bout en bout, des datacenters aux communications en passant par les disques. Il faut résister à des dizaines de milliers de tentatives de hacking par jour", a précisé M. Benichou.
Cette annonce intervient alors que les groupes SFR et Bull, puis Orange et Thales, ont dévoilé ces dernières semaines leur projets concurrents (soutenus financièrement par l'Etat) pour proposer aux entreprises et administrations françaises des solutions de "cloud" assurant le stockage sur le territoire national les données sensibles.
"Ces projets n'en sont pas au même niveau de maturité que nous, ils sont encore en train de lancer des appels d'offres et d'acheter les infrastructures", a commenté M. Bénichou.
"C'est vrai qu'il y a eu une sensibilisation à garder les données en France, mais je crois que c'est un faux problème", a-t-il ajouté au sujet du Patriot Act, promulgué en 2001 par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre et qui permet au gouvernement américain d'accéder à certaines données dans le cadre d'enquêtes pénales liées à des actes terroristes, après obtention d'un mandat d'un juge fédéral.
Certaines entreprises françaises craignent en effet de confier leurs données stratégiques géants américains Cisco, IBM, Microsoft, Google ou Amazon qui dominent le marché du "cloud", un point que les co-entreprises Bull/SFR et Orange/Thales ont bien compris en mettant en avant la "souveraineté" de leurs offres.
"Je suis choqué par cet argument de souveraineté car cela impliquerait qu'il y a un manque d'éthique et d'intégrité de la part des collaborateurs français d'IBM.
C'est basé sur un examen fantaisiste de ce Patriot Act", a estimé Alain Bénichou. "Imaginer qu'on puisse sans autre forme de procès divulguer des données privées est totalement absurde", a-t-il résumé.
Le marché du "cloud" est en pleine expansion et devrait représenter plus de 177 milliards d'euros en 2020 dans le monde, selon le cabinet d'études Forrester.