A Portet, on casse tous les minitels de France

Une société toulousaine détruit les minitels en masse

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A Portet, on casse tous les minitels de France

Une société toulousaine détruit les minitels en masse

La fin du Minitel, programmée pour le 30 juin, donne du travail depuis plusieurs mois à une entreprise d'insertion toulousaine qui a la chance d'assurer seule en France le démantèlement de tous les minitels.

Une entreprise au bon endroit au bon moment

"Parmi les prestataires du gestionnaire de déchets Eco-Systemes, nous étions le plus proche du site de la société Anovo à Montauban où Orange regroupe tous les minitels rapportés dans ses agences depuis qu'il a annoncé l'opération", explique le directeur général d'Envie 2E pour la région toulousaine, Franck Zeitoun.

Sur 700.000 minitels encore en circulation début 2012, 400.000 de ces gros cubes de plastique emblématiques de la télématique française des années 1980 ont déjà éclaté sous les coups de marteaux des salariés d'Envie 2E (Emploi et Environnement), entreprise spécialisée dans le traitement des déchets électriques et électroniques.

Dans un grand fracas, les bennes déversent l'objet sur le tapis roulant de la chaîne et l'exécuteur en chasuble jaune, casque et lunettes de protection, opère en trente secondes.

Il éclate le boîtier ocre de l'ancêtre et sépare sur le tapis les principaux éléments: la coque en plastique, la carte électronique, le tube cathodique du style vieille télé, les pièces métalliques et le câble électrique.

"C'est pas compliqué, mais comme le boîtier était clipsé, et non pas vissé, il n'y avait pas d'autre solution que de donner un coup de marteau pour déboîter la coque !", crie le directeur général pour se faire entendre.

Produits recyclés, salariés insérés

En aval de la chaîne où le Minitel côtoie les vieux téléviseurs et ordinateurs livrés par Eco-Systemes, d'autres travailleurs orientent les différentes parties qui seront livrées à des sociétés spécialisées pour donner une deuxième vie de pare-chocs aux plastiques, extraire les métaux précieux des cartes électroniques, recycler le verre.

Dans ce hangar de la zone industrielle du Bois Vert à Portet-sur-Garonne, près de Toulouse, Envie 2E emploie une cinquantaine de salariés entre cette chaîne et celle dédiée au broyage du petit électroménager (aspirateurs, fers à repasser,...).

Mi-juin, une nouvelle s'y est ajoutée, destinée aux écrans plats, délicats à manipuler en raison de la présence de mercure.

La moitié des salariés ont des contrats à durée déterminée d'insertion (CDDI) destinés aux chômeurs en difficulté sociale ou professionnelle particulière. Ils partiront au bout de 12 ou 13 mois en moyenne, si possible vers de vrais CDI.

"On a réussi à en placer 68% l'an dernier. Ce n'est pas parfait, mais c'est mieux que la moyenne de 48% en Midi-Pyrénées", déclare M. Zeitoun.

La loi de 2006 sur le traitement des déchets électriques et électroniques a permis de lancer une vingtaine de sites Envie 2E, associés au réseau Envie (Entreprise nouvelle pour l'insertion économique) créé en 1984 à Strasbourg par un ancien de Darty et des compagnons d'Emmaüs pour favoriser l'insertion par la réparation et la rénovation d'électroménager.

"A Toulouse, nous sommes passés de 30 à 50 personnes depuis deux ans dans le recyclage.

Le Minitel n'est qu'un appoint mais quand il y a les pics avec plusieurs semi-remorques par semaine, il prend toute la chaîne", indique le directeur qui voit arriver une dernière grande vague en cette fin du mois.

Cela ne veut pas dire que tous les minitels vont finir à Portet avant le 30 juin, mais sûrement des milliers de plus. "Beaucoup de gens vont vouloir le garder en souvenir. C'est la fin d'une époque, il y a une forme d'attachement sentimental", dit M. Zeitoun, qui avoue lui-même en avoir gardé différents modèles.

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