Tirs et mobilisation policière: un quartier sensible de Toulouse sous tension
Toulouse : quartier sous tension
Après la blessure par balles d'un jeune homme jeudi, le quartier de Bagatelle à Toulouse est sous tension
Un quartier sensible de Toulouse est le théâtre depuis quelques nuits d'incidents graves entre jeunes de cités rivales qui règlent désormais leurs comptes à l'arme à feu et mobilisent d'importantes forces de police.
Cette "succession d'incidents graves", ainsi que les décrit un haut responsable de la police, ont fait un blessé grave et au moins deux blessés légers depuis jeudi soir à Bagatelle, quartier du vaste ensemble populaire du Mirail. Dans la nuit de dimanche à lundi, alors qu'environ 150 policiers et CRS avaient été déployés pour empêcher un dérapage, un ou plusieurs individus ont à nouveau tiré à l'arme à feu.
Ils vident de vieilles embrouilles
Ces actes ne sont pas le fait de bandes ennemies qui s'affronteraient pour le contrôle de cages d'escalier ou de trafics qui ne manquent pas au Mirail, disent les autorités. Il s'agit de groupes de jeunes de 20 à 25 ans, certes connus des policiers, mais qui, chaleur et désoeuvrement estival aidant, vident surtout de vieilles "embrouilles". D'un côté, ceux de Bagatelle, de l'autre ceux de La Faourette, autre cité du Mirail. Ils sont peut-être une quinzaine de part et d'autre à se livrer une espèce de guérilla, assurent les autorités.
Cela "ne concerne que quelques individus, absolument pas une population d'un quartier, quelques individus qui nourrissent des inimitiés (...) depuis plusieurs mois, voire plusieurs années et qui passent à la graduation supérieure (...), d'une acrimonie de coups de poing à des armes de poing", a dit la secrétaire générale de la préfecture Françoise Souliman.
Les tensions remontent à jeudi
Ce soir-là, dans des circonstances encore obscures, un jeune de La Faourette a reçu un projectile dans l'abdomen. Les médecins réservaient le pronostic vital quand il a été hospitalisé. Il est depuis tiré d'affaire.
Un autre jeune, également connu de la police, a été mis en examen et écroué dimanche pour tentative d'homicide. C'est à l'hôpital qu'il a été interpellé dans la nuit de vendredi à samedi. Il aurait été roué de coups quelques heures auparavant en représailles.
Son incarcération n'a "visiblement pas" suffi à apaiser les esprits, ont reconnu la secrétaire générale de la préfecture et le procureur de Toulouse Michel Valet.
Entre dimanche après-midi et dimanche soir, une dizaine de vitres de voitures ont essuyé des coups de feu. Des garages ont aussi été visés. Samedi après-midi, une autre personne a été légèrement blessée quand un projectile lui a éraflé le crâne.
Eviter les dommages collatéraux
Personne d'autre n'a été atteint. Mais les autorités veulent à la fois éviter ce que la secrétaire générale de la préfecture a appelé des "dommages colatéraux", et faire en sorte que les autres habitants puissent "vivre tranquillement"; "Nous voulons que la tension redescende le plus vite possible, c'est pour ça qu'on y met tous les moyens nécessaires".
L'unité de CRS arrivée en renfort samedi est retenue pour la semaine. Le procureur a promis lui aussi une action judiciaire "ferme". Un jeune devait être jugé lundi après-midi en comparution immédiate pour rébellion.
Quant à ce qui a mis le feu aux poudres jeudi, personne ne le sait vraiment, dit-on à la préfecture ou au palais de justice. Un policier parle de chicanes comme il en existe entre gens de cités voisines et qui, cette fois, dégénèrent.
Le Mirail a été le théâtre de violentes émeutes en 1998 et 2005.