Olivier Ferrand, décédé samedi à 42 ans dans sa maison familiale de Velaux, juste après son 1er mandat législatif
Homme d'influence multi-diplômé et créateur du laboratoire d'idées Terra Nova, Olivier Ferrand, décédé samedi à 42 ans dans sa maison familiale de Velaux, près de Marseille, voulait avec son 1er mandat législatif passer de l'ombre des conseillers à la lumière de l'action politique.
Après une législative ratée en 2007, fruit d'un parachutage mal digéré par les socialistes des Pyrénées-Orientales, M. Ferrand venait d'être élu dans la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône.
Ce diplômé de Sciences Po, HEC et l'ENA à l'allure de gendre idéal, haut fonctionnaire
qui débuta à la direction du Trésor, avait créé en 2008 Terra Nova, un think tank proche du PS qui agrège aujourd'hui un millier d'experts et a produit une trentaine d'essais.
Olivier Ferrand était l'un des benjamins de la nouvelle génération PS arrivée au pouvoir avec François Hollande (Manuel Valls, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg...), qu'il avait côtoyée alors qu'il était conseiller technique pour les Affaires européennes de Lionel Jospin (1997-2002) à Matignon et avec qui il avait conservé des liens étroits.
Coauteur avec Arnaud Montebourg d'un livre sur les primaires, il se targuait d'avoir
importé le concept américain au PS.
Mais malgré ce réseau fourni, ce compétiteur sportif (tennis, ski et récemment marathon), marié et père d'une fille de 12 ans, affichait jusqu'au 17 juin un maigre pedigree d'élu, ayant été maire-adjoint du 3e arrondissement de Paris (2001-2007) puis de Thuir, commune de 7.500 âmes des Pyrénées-Orientales.
Parachuté par le PS aux législatives en 2007 en Catalogne, il avait chuté dès
le premier tour devant un dissident socialiste.
Olivier Ferrand était natif de Marseille, avec un ancrage familial à Velaux, dont son arrière-grand-père fut même maire et où le jeune député est décédé samedi, dans la maison de ses parents.
Pourtant, ce printemps, il était apparu d'abord de nouveau comme un parachuté de Solférino dans cette circonscription des Bouches-du-Rhône, seul département avec l'Hérault où la direction nationale du parti avait désigné les candidats sans consulter les militants.
Associé à son suppléant, le maire de Velaux Jean-Pierre Maggi, 68 ans, "un élu de proximité avec une connaissance intime du terrain", il assumait cependant son influence parisienne, affirmant apporter à leur duo "la capacité de défendre les dossiers au national" via ses nombreux contacts.
Des contacts qu'il avait ainsi sollicités pour faire venir en réunions publiques Jacques Attali, Martin Hirsch, Rama Yade ou Hubert Védrine, dans le cadre d'un collectif créé avec Europe Ecologie Les Verts (EELV). Renversant peu à peu son image de parachuté, en multipliant aussi les actions de porte-à-porte.
Son mentor, Lionel Jospin, était aussi venu pendant la campagne soutenir son ex-conseiller à Matignon pour les Affaires européennes. A cette occasion, Olivier Ferrand avait réaffirmé son engagement "sur son comportement personnel", pour se démarquer des affaires entachant le PS-13, le jour même où l'on apprenait le renvoi en correctionnelle de la candidate PS Sylvie Andrieux pour détournement de fonds publics.
Pour Sébastien Barles, porte-parole d'EELV en Paca, il était "intéressant à double
titre parce que représentant une nouvelle génération en politique et un renouvellement
local" dans une fédération marquée par les affaires.
Au 2e tour le 17 juin, Olivier Ferrand, candidat unique PS/EELV/PRG/MRC, avait
ravi ce territoire à la droite, obtenant dans une triangulaire 40,48% des suffrages face au candidat de l'UMP Nicolas Isnard (39,91%) et à celui du FN, Gérald Gérin
(19,61%).