Une agence bancaire propose aux malentendants l'accès à un conseiller pratiquant la langue des signes.
Une agence locale de la Caisse d'Epargne du Languedoc-Roussillon, située à Montpellier, teste un projet pilote visant à favoriser l'accès des personnes sourdes et malentendantes aux services bancaires, qui pourrait en cas de succès, être étendu au plan national.
"Je suis le seul conseiller financier en France à pratiquer la langue des signes avec ses clients", explique Olivier Baron, l'instigateur de ce projet lancé il y a cinq mois.
Dans son agence implantée au sein du parc d'activités Euromédecine, au nord de Montpellier, le service aux personnes sourdes et malentendantes est continu, du mardi au samedi. Une seconde personne pratiquant la langue des signes accueille les clients et peut au besoin assurer la traduction auprès d'autres conseillers bancaires.
La prise de rendez-vous peut se faire par courriel ou SMS.
Un système de "boucle magnétique" a également été mis en place. Il renvoie une fréquence particulière sur les appareils auditifs des malentendants pour faciliter la communication.
"C'est une révolution pour ces personnes", affirme M. Baron. Enfant de parents sourds, il a depuis toujours une conscience aiguë des problèmes de communication des personnes non-entendantes dans grand nombre de services, notamment bancaires.
Il a lancé ce projet après accord de sa direction régionale et s'occupe depuis de 350 clients sourds et malentendants, qui viennent de Montpellier mais aussi parfois de beaucoup plus loin, comme Marseille ou Avignon.
"Cela montre qu'il y a un vrai besoin", estime-t-il. "Beaucoup de ces personnes n'osent pas poser de questions à leur conseiller de peur de ne pas comprendre ou de ne pas être comprises", regrette le conseiller financier.
"Normalement, la plupart des clients sourds se font accompagner par un tiers -interprète ou membre de la famille- lors d'un rendez-vous avec un conseiller", ce qui ne permet pas d'assurer la confidentialité.
Dans son agence, "ils deviennent beaucoup plus autonomes et donnent plus facilement leur confiance", et le client ressort "satisfait".
Certains ont d'ailleurs quitté leur banque pour la Caisse d'Epargne afin de profiter de ce service, qui s'est fait connaître en grande partie grâce aux associations de sourds et malentendants.
Mais "c'est avant tout un projet humain", destiné à favoriser l'accessibilité de ce public, estimé à 4 millions de personnes en France, insiste Olivier Baron.
D'ici un an, la banque fera le bilan de ce programme et pourrait décider de l'étendre.