Pour Jean-Claude Gayssot, auteur de la loi contre le racisme votée en 1990, il faut que la loi s'applique mais cela ne suffit pas toujours. La décision du gouvernement d'interdire les spectacles de Dieudonné est légitime, selon lui, à partir du moment ou ce sont des meetings à caractère antisémite.
Alors que le conseil d'état maintient l'interdiction du spectacle de Dieudonné à Nantes, Jean Claude Gayssot, auteur de la loi qui condamne la tenue de propos à caractères racistes et antisémites, estime que le gouvernement a eu "raison de vouloir interdire les spectacles de Dieudonné car "ce sont des meetings à caractère racistes et antisémites".
En disant cela, le vice-président du conseil régional de Languedoc-Roussillon tient à préciser qu'il "ne soutient pas pour autant la politique d'Israël vis à vis du peuple palestinien".
Jean-Claude Gayssot qui sera notre invité dans le 19/20, ce vendredi soir, se rappelle d'une rencontre avec Nelson Mandela en 1990. A l'époque, le leader anti-apartheid avait rendu visite aux élus communistes français qui avaient soutenu son combat. Nelson Mandela lui avait exprimé son sentiment sur la loi contre l'apartheid "importante mais pas suffisante pour combattre les préjugés et les mentalités. Il faudra des années encore pour pour que cela change" lui avait il dit.
Pour Jean-Claude Gayssot, la loi ne suffit donc pas. Il faut, pour éradiquer les sédiments de l'antisémitisme et du racisme, faire de l'éducation, de la culture et informer les jeunes générations.
La loi Gayssot sur le racisme et l'antisémitisme
L'affaire Dieudonné est l'occasion de rappeler ce que la loi Gayssot a changé en matière de propos raciste et antisémite.
Contesté lors des débats qui ont précédé son vote, elle a été adoptée le 13 juillet 1990, alors que la droite de l'époque, dont Simone Veil, s'était montrée réticente à l'idée d'adopter une loi qu'elle qualifiait de mémorielle.
La loi qui porte le nom de l'ancien ministre Jean-Claude Gayssot, aujourd'hui vice-président du conseil régional du Languedoc-Roussillon, réprime "tout acte raciste, antisémite ou xénophobe".
Le premier article de cette loi rappelle que "toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite". Mais cette disposition ne fait que rappeler une précédente loi, celle du 1er juillet 1972 relative à la lutte contre le racisme.
La nouveauté vient de l'article 9 de la loi Gayssot
Celui-ci qualifie de délit, "la contestation de l'existence des crimes contre l'humanité en introduisant, dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse, un nouvel article punissant de peines celles et ceux qui auront contesté l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité".
La loi définit de crimes contre l'Humanité, "l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime".
Depuis, plusieurs propositions de loi ont été déposées pour étendre l'application de la loi Gayssot à la négation du génocide arménien ou à celle de l'ensemble des génocides.