La France : rêve brisé de la famille syrienne Alkhatib

Les Alkhatib ont élevé leurs enfants dans l'admiration de la culture française. Août 2015, arrivés dans la patrie des Droits de l'Homme après un long périple ils pensaient être sauvés. Février 2016, le préfet du Tarn veut les expulser vers la Hongrie .

Depuis la Syrie, Saiseddine et Wafa Alkhatib rêvaient de Paris, de sa modernité et de sa liberté, de ses grands hommes et de sa culture. Ils ne pouvaient pas s'y rendre alors ils ont transmis cette passion de la Culture française à leurs enfants. Passionnés jusqu'à envoyer leurs filles ainées, Mouzayan et Nour, étudier à Charles de Gaulle, le Lycée Français de Damas. Un choix couronné de brillants résultats et une évidente poursuite d'études en France pour ces deux syriennes qui s'expriment dans un français parfait  : Doctorat en Droit à Nancy pour Mouzayan et doctorat en médecine à Orléans pour Nour. Une avocate et une obstétricienne, deux recrues de choix pour la société française. Mouzayan a aussi épousé un français, Stéphan Pelissier et avec leur petite fille ils se sont installés à Albi. Jusque là, un vrai conte des mille et une nuits.

Alors, forcément, quand la vie devient impossible à Damas, c'est vers la France que Saiseddine et Wafa Alkhatib décident d'emmener leurs plus jeunes enfants, Anas leur garçon et Mayada, leur dernière fille affectueusement surnommée "Mimou". Le 6 août 2015, ils entament un long et dangereux chemin d'exil traversant la Turquie, la Grèce, la Macédoine et la Serbie. Puis c'est l'épisode hongrois. Traumatique. Embarqués de force dans un camp pour réfugiés, entassés dans des tentes, les photos qu'ils ramènent dans leurs téléphones portables laissent songeurs quand à l'interprétation hongroise du respect des droits de l'homme.


Le bras de Wafa est cassé, elle ne reçoit aucun soin. Sous la menace, ils doivent aussi donner leurs empreintes aux policiers hongrois. Heureusement, le rêve de Paris et de la France porte la famille Alkhatib. Ils s'enfuient du camp de réfugiés hongrois, gagne l'Autriche puis l'Allemagne ou Stéphan et Mouzayan Pelissier parviennent à les récupérer. Le cauchemar de ces cinq semaines d'errance se termine. Le 13 septembre 2015, enfin, ils sont sur le sol français, à Albi. La famille est rassemblée, Saiseddine et Wafa rencontrent leur petite fille. Soucieux de respecter le droit français, la famille Alkhatib signale très vite sa présence à la Préfecture du Tarn. L'accueil des albigeois est chaleureux, Anas est inscrit au Lycée Louis Rascol, Saiseddine peut enfin soigner son diabète. La France semble tenir toutes ses promesses.

Le rêve se brise au début du mois de février 2016. Un courrier laconique de l'administration les informe des nouvelles règles européennes en vigueur pour l'accueil des réfugiés. Plus question de "regroupement familial", plus question de rester à Albi avec leur fille, leur petite fille et leur gendre ; Ils doivent repartir... en Hongrie ! Le préfet du Tarn demande leur expulsion vers le premier pays européen dans lequel ils ont laissé une trace de leur passage : des empreintes prises de force. Et peu importe que leurs filles aient construit leur vie en France, peu importe que Mouzayan et Nour travaillent et qu'elles puissent les accueillir confortablement dans leurs maisons... Ils doivent repartir vers un sordide camp de réfugiés proche de Budapest !

Le tribunal administratif de Toulouse doit maintenant se prononcer - vendredi 19 ou lundi 22 février - sur l'opportunité de la décision du Préfet. L'avocat de la famille Alkhatib, Julien Brel, espère faire annuler leur transfert en Hongrie en insistant sur les mauvais traitements infligés aux réfugiés par les autorités hongroises, le spécialiste du Droit d'asile s'appuyant sur une enquête ouverte par la Commission européenne.

 Le rêve français des Alkhatib est entre les mains d'un juge.



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