C’est une première… un long métrage d'1h24 sous forme de peinture animée, intégralement réalisé aux pinceaux. Cette technique permet de plonger dans un univers authentique et rempli d’émotions. Entretien avec Luc Camilli, le coproducteur du film "La Traversée" sorti en salle ce 29 septembre.
C’est l’histoire d’un frère et d’une sœur contraints de quitter leur pays imaginaire pour échapper au totalitarisme. Un conte qui prend vie avec de la peinture à l’huile… et après douze ans de réflexion pour la réalisatrice de films animés Florence Miailhe.
Une partie de l’œuvre, récompensée par le jury du Festival et du Marché international du film d'animation d'Annecy, a été créée dans le studio de La Ménagerie, à Tournefeuille, près de Toulouse. Rencontre avec Luc Camilli, le coproducteur du film "La Traversée".
Un long métrage à la peinture animée, quésaco ? Comment anime-t-on des images à partir de peintures ?
Luc Camilli : En tout premier lieu, on peint sur une plaque de verre le fond du décor, en arrière-plan. On superpose ensuite différentes couches de décor toujours en plaque de verre à l’horizontal. La caméra est suspendue verticalement. Ce qui permet de filmer les différentes couches de peinture.
Les animatrices ont réalisé à la peinture à l'huile chaque image du film. Elles effaçaient l’image précédente pour aller à la suivante ou les faisaient évoluer en gardant certaines parties. Les différentes couches de verre permettaient aussi d’éviter le mélange de couleurs.
C’est un travail de titan… pourquoi ne pas avoir opté pour le numérique ?
L.C : Cela permet de garder cette touche artisanale avec la matière de la peinture. Aujourd’hui, on peut même reproduire numériquement de la fausse pâte à modeler mais ce n’est pas le même charme, la même texture, la même profondeur. L’émotion que l’on peut ressentir avec la peinture est réelle…
C’est aussi une méthode d’écriture nouvelle ?
L.C : C’est un film unique par sa technique, son format, son style... Cette méthode laisse beaucoup de liberté sur le scénario et la forme. C’est un film original qui se distingue de ce que l’on peut voir au cinéma. La technique narrative avec la peinture est singulière. Les textes viennent accompagner l’image quand elle n’est pas assez parlante. L’image raconte l’histoire mais de façon poétique et artistique.
C’est une histoire fictive qui pourrait bien être réelle...
L.C : C’est un film d’actualité et en même temps un film intemporel puisqu’il parle d’exil, de migration... C’est un sujet qui traverse l’histoire des êtres humains depuis très longtemps et qui fait référence à des évènements très récents . La forme narrative est le conte, ce qui permet un double niveau de lecture. Pour les enfants, c’est une histoire poétique. Les adultes, eux, perçoivent toutes les références à l’actualité ce qui donne un peu plus de profondeur et d’émotion au film.
Le film sort en salle ce 29 septembre… alors fier ?
L.C : C’est un soulagement que le film existe car ce n’était pas gagné d’avance de pouvoir le financer et le fabriquer. Il est déjà primé. Cela récompense notre travail. Ce n’est pas un film qui passe inaperçu. Sa sortie est une vraie émotion pour moi.
Luc Camilli est le co-fondateur, avec Dominique Deluze et Marc Ménager, de la société de production Xbo Films et du studio d’animation toulousain La Ménagerie, spécialisés dans l’animation traditionnelle.
Il a coproduit avec Double Mètre Animation trois saisons de la série en stop motion Kiwi, d’Isabelle Duval, diffusées sur France Télévisions ainsi qu’une trentaine de court métrages dans des techniques diverses comme la marionnette, le sable animé, ou le papier découpé.
Il a produit également des documentaires aux formats divers, allant du documentaire de création TV au court-métrage en passant par le documentaire animé ou la recréation de spectacle vivant.