Selon l'INPES, c’est dans la région que l’on commet le plus d’excès : l’alcoolisme, le tabagisme et la consommation de drogues sont au-dessus de la moyenne. Cause invoquée : la souffrance sociale dans une région festive, située au carrefour de tous les trafics.
L’analyse des pratiques addictives, que livre pour la première fois l’Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) est sans concession pour le Languedoc-Roussillon, région à haute consommation d'alcool, de tabac et de drogues.
Le Languedoc-Roussillon reste en tête des régions consommatrices d’alcool. 16,6 % des personnes interrogées (1 038 dans la région pour un échantillon national de 25 990 personnes) déclaraient, en 2010, avoir un usage quotidien de l’alcool (au moins une consommation par jour) contre 11 % sur l’ensemble de la France Métropolitaine.
Comme au national, la tendance est à la baisse. Le ratio des buveurs au quotidien était de 18,6 % en 2005 dans la région et de 9 % dans la métropole. L’usage à risque chronique (+ de 21 verres par semaine pour les hommes, + de 14 pour les femmes) est également plus élevé dans la région qu’au national, 12 % contre 8,9 % et plus élevé que dans la région voisine de Midi-Pyrénées (11,5 %).
C'est aussi dans la région que l'on fume le plus : 35,2 % des personnes interrogées en 2010 en Languedoc-Roussillon déclaraient avoir une consommation quotidienne du tabac, 24,8 % étaient à plus de 10 cigarettes par jour. Pour la tabagie, la région est donc largement au-dessus des moyennes nationales (respectivement 29,1 % et 19,6 %).
Comme au national, la tabagie s’est aggravée entre 2005 et 2010 mais de manière plus importante que dans le reste de la France : les usagers au quotidien ont augmenté de plus de 4 points en région contre un peu plus de 2 points en métropole. La progression de grands fumeurs (+10 cigarettes par jour) a été bien plus soutenue en Languedoc-Roussillon que dans l’Hexagone (+2 % contre +0,2 %).
Quant au Cannabis et à la cocaïne, là c'est l'expérimentation qui bat des records. Sous les trois angles étudiés pour le cannabis - expérimentation, consommation au moins une fois dans l’année et consommation récente - la région est non seulement largement au-dessus des données nationales mais, en plus, la situation a tendance à s’y détériorer plus vite que dans le reste de l’Hexagone.
En 2005, 35,7 % des Languedociens interrogés avaient expérimenté l’herbe contre 28,7 % au national. En 2010, ces ratios étaient passés à 39,6 % en région et 32 % en France. Pour les autres drogues, les ratios sont beaucoup plus faibles, mais les évolutions sont rapides. Ainsi, pour la cocaïne, 4,5 % de Languedociens déclaraient, en 2005, l’avoir expérimentée. En 2010, ils étaient 7,6 %.
Selon midilibre.fr, ce phénomène pourrait s'expliquer par la souffrance sociale avec 14,5 % de taux de chômage et un nombre record d’allocataires du RSA. Pour François Beck, responsable du département Enquêtes et analyses de l’Inpes, il ne faut pas aller chercher ailleurs que dans la souffrance sociale, l’explication d’une forte consommation de substances psychoactives dans la région. "Les facteurs socio- économiques sont déterminants dans le déclenchement et la structuration des usages", affirme-t-il.
Mais il existe aussi des déterminants plus locaux comme le fait que la région est fortement productrice de vin. La consommation y est donc nettement supérieure à la moyenne. Et aussi qu'en Languedoc-Roussillon, les festivités sont nombreuses (ferias, bodégas, fêtes votives...)
Pour le tabac, François Beck est convaincu que la proximité de l’Espagne où il est moins cher, contribue à un niveau élevé de consommation. La consommation de drogues est aussi liée au fait qu'en raison de sa situation géographique, la région Languedoc-Roussillon est un véritable carrefour pour les trafiquants en témoigne les nombreuses saisies de cannabis sur l'A9.