Mobilisation nationale ce samedi 29 mai pour la défense des langues régionales. Suite à la censure d'une partie de la loi Molac sur le volet enseignement en immersion par le Conseil consitutionnel, les manifestants ont exprimé leur colère. Ils craignent la fermeture d'écoles bilingues.
La colère gronde en Occitanie ce samedi 29 mai. Alors que la proposition de loi pour promouvoir les langues régionales avait été adoptée par le Parlement début avril, le Conseil constitutionnel a censuré deux articles de cette loi vendredi 21 mai. Les Sages estiment que l'enseignement immersif en langue régionale et les signes diacritiques (comme les accents) sur l'Etat civil sont anticonstitutionnels.
La "loi Molac", du nom du député du Morbihan, Paul Molac, qui la porte, était apparue comme une très bonne nouvelle pour les régions dont la langue régionale occupe encore une place importante dans la culture. Depuis que la décision du Conseil constitutionnel a été rendue publique, de nombreuses voix ont fait entendre leur colère.
Les défenseurs des langues régionales ont appelé à manifester ce samedi 29 mai partout en France. En Occitanie, plusieurs rassemblements ont eu lieu un peu partout, notamment à Toulouse, Albi, Carcassonne et Perpignan.
Petits et grands sur la place du Capitole à Toulouse
Vers 11 heures, environ 200 personnes se sont réunies sur la place du Capitole à Toulouse. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, était présent parmi les manifestants. Avec d'autres élus, il a entonné le Se Canto, l'hymne occitan.
J'ai, à de multiples reprises et encore récemment, rappelé mon attachement aux langues régionales, part de la diversité culturelle de nos territoires. Aussi, j’ai tenu à participer, aujourd'hui, au rassemblement de soutien à celles-ci, place du Capitole, sur notre croix occitane. pic.twitter.com/9PyHDukKI5
— Jean-Luc Moudenc (@jlmoudenc) May 29, 2021
Parmi les participants à ce rassemblement, de nombreux parents sont venus avec leurs enfants. Les représentants des écoles bilingues se sont également fortement mobilisés. "On se sent menacés puisque, en étant anticonstitutionnelles, nos écoles risquent de fermer du jour au lendemain", déplore Emmanuel Questel, co-président de la Fédération des Calendrettes. "Cela mettrait des milliers d'enfants à la rue sans enseignement. Je crois que l'opinion publique est en train de se rendre compte qu'on tue notre diversité."
Près de 1 000 personnes sur la place de Catalogne à Perpignan
Ce samedi après-midi, ce sont près de 1 000 personnes qui ont foulé les pavés de la place de Catalogne à Perpignan. Drapeaux à la main, ils ont chanté leur attachement à la culture locale et ont également milité contre la fermeture des écoles bilingues. Elena Gual, directrice de l'école primaire Arrels-Vernet, a fait le déplacement.
"Il n'y a aucune forme de souffrance à apprendre le catalan pour l'enfant : plus une langue est apprise jeune, plus c'est facile. Et bien sûr, le français est toujours présent au cours de la scolarité", assure-t-elle.
Croisée dans le cortège, cette mère de famille ne peut qu'approuver : ses enfants sont inscrits dans une école bilingue. "C'est important de défendre les langues régionales. Elles font partie de notre richesse et c'est important de les entretenir. Elles ne remplacent pas la pratique du français, elles l'accompagnent", avance cette Perpignanaise d'adoption, originaire de Bretagne.
Face à la fronde en région, Emmanuel Macron a posté un message il y a quelques jours sur son compte Facebook pour tenter d'apaiser les tensions : "Les langues de France sont un trésor national. Toutes, qu'elles soient issues de nos régions en métropole ou de nos territoires d'outre-mer, ne cessent d’enrichir notre culture française", a-t-il écrit. Vrai parti pris ou stratégie avant les élections régionales ? Le président de la République compte-t-il enclencher un projet de loi constitutionnel ? Nul ne le sait pour l'instant.
Une chose est sûre en revanche : sur le sujet, les manifestants ne comptent pas garder leur langue dans leur poche.