Jusqu'à quel âge un veau est-il un veau? La réglementation française dit que l'animal doit avoir moins de 8 mois, ensuite il devient un jeune bovin. Un détail qui a son importance pour les 650 éleveurs du veau d'Aveyron et du Ségala, soucieux de pérenniser leur appellation.
Difficile pour le néophyte de savoir quel est l'âge d'un veau en le regardant ou en achetant des côtelettes chez le boucher. En revanche pour le législateur, il faut que l'animal est moins de 8 mois, et qu'il soit abattu avant cet âge là pour garder le nom de veau. C'est la règle depuis le 1er juillet 2008. Au delà, il devient un jeune bovin. Sur l'étal du boucher aussi. Et 95% des Veaux Français sont commercialisés avant cet âge.
La réglementation fait une exception pour les veaux de l' Aveyron et du Ségala. La Filière bénéficie d'une dérogation et les éleveurs peuvent garder leurs bêtes jusqu'à 10 mois avant de les abattre. Un privilège dû au fait qu'elle possède un label rouge et une IGP enregistrée avant le 29 juin 2007.
Et ce critère d'âge figure dans le cahier des charges de l'appellation, au même titre que la zone d'élevage (Aveyron et Tarn, sud du Cantal, et une partie du lot et du Tarn et Garonne) la race des veaux (Blonde d'Aquitaine et surtout Limousine), la surface et le volume d'air par tête à respecter, la tétée sous la mère, la nourriture (céréales et foins produits sur la ferme) ou encore l'abattage dans des abattoirs agréés.
Une dérogation menacée
Pourtant, régulièrement les 650 éleveurs de l'appellation craignent que cette dérogation soit remise en cause. A tort ou à raison, dans le contexte actuel de crise agricole, ils se sentent souvent tracassés par l'administration et au regard de la production française de Veau, ils savent bien que leur 30 000 animaux ne représentent que 2% du marché national.45 à 50% des veaux de l'appellation sont abattus avant leur 8 mois et 50 à 55% après leur 8 mois.
Si un jour cette partie de la production est commercialisée sous une autre appellation que celle de veau, les éleveurs craignent pour l'avenir de la filière et du label.
C'est l'intégralité du réseau de distribution qui va nous abandonner, car le consommateur ne comprendrait pas" argumente Pierre Cabrit président de l'Inter profession Régionale du Veau d'Aveyron et du Ségala.
Et 20 ans de travail et de renommée auprès du consommateur qui pourrait être mis à mal.
Les éleveurs veulent pérenniser leur filière. Ils ont confiés le dossier aux élus du Tarn et de l'Aveyron pour qu'il puisse être plaidé auprès du ministère de l'agriculture.
A Moularés dans le Tarn, le reportage de Matthieu Chouvellon et Sylvian Duchampt :