Un réseau de trafiquants d'armes de guerre, impliquant deux légionnaires en activité, dont un Gardois, a été démantelé en début de semaine dans la banlieue marseillaise, où 14 pistolets-mitrailleurs Scorpio ont été saisis. 6 personnes ont été interpellées, dont 5 durant une transaction.
"C'est un véritable réseau qui a été démantelé", a estimé jeudi le procureur adjoint de Marseille Christophe Barret, se réjouissant que "ces armes ne soit plus en circulation".
Le magistrat a expliqué au cours d'une conférence de presse que l'opération s'était déroulée en deux temps : une première série d'interpellations de cinq personnes a été réalisée en flagrant délit dimanche lors d'une transaction, tandis que le 6e homme a été arrêté lundi.
Les cinq premiers ont été mis en examen et écroués mercredi notamment pour fabrication et commerce d'armes de première catégorie (armes de guerre) en bande organisée, importation d'armes et munition de première catégorie en bande organisée, recel d'importation d'armes et munitions en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre ces délits. Le sixième a été mis en examen jeudi des mêmes chefs.
Un Gardois impliqué. Il est légionnaire en activité
Parmi les protagonistes de ce dossier, âgés de 25 à 38 ans, figurent les trois membres du réseau dont deux légionnaires originaires "d'Europe orientale", "l'un du 1er RE d'Aubagne et l'autre du Gard", a indiqué le procureur adjoint.
Dans le groupe des acheteurs, il y a deux hommes de 36 et 38 ans "défavorablement connus" pour des affaires de stupéfiants pour lesquelles ils ont déjà été condamnés, a-t-on précisé.
Lors de l'interpellation dans une grande zone commerciale de la banlieue de Marseille, les policiers ont saisi 12 pistolets mitrailleurs de type Scorpio (ou Scorpion, une armes de guerre de calibre 7,65 de conception tchèque) qui avaient changés de mains et deux autres dans le véhicule des vendeurs.
Des arme utilisées pour les règlements de comptes
"Des armes redoutables très prisées pour les tirs à courtes distances", a souligné M. Barret, estimant que ces pistolets mitrailleurs "de petite taille" se vendaient entre 1.000 et 2.000 euros.
"Les 6.000 euros saisis ne représentent pas le prix des armes", a-t-il ajouté, précisant que les acheteurs étaient probablement des grossistes qui allaient ensuite revendre au détail.
L'enquête a débuté en avril 2013, en préliminaire, sur "des renseignements concordants" de la sous-direction de l'Information générale (SDIG) et de la PJ sur la vente d'armes de guerre. Une information judiciaire a été ouverte en avril auprès de la juge Isabelle Couderc.
Le directeur adjoint de la PJ de Marseille Christian Sivy a ensuite indiqué qu'une enquête minutieuse a été menée durant plusieurs semaines avec "la surveillance de plusieurs rendez-vous" jusqu'à la transaction de dimanche.
Selon M. Barret, un pistolet mitrailleur Scorpio avait été utilisé en février 2012 dans l'un des règlements de comptes qui endeuille régulièrement la cité phocéenne et ses environs.
En 2012, 24 personnes ont été tuées par balles dans les Bouches-du-Rhône, onze depuis le début de l'année. Des homicides à répétition, souvent sur fond de trafic de stupéfiants, qui ont conduit le gouvernement à mettre en place un vaste plan d'actions, avec notamment la création de deux zones de sécurité prioritaires (ZSP) et des "opérations coordonnées" dans les quarante cités sensibles de Marseille, notamment dans la partie nord de la ville, au cours desquelles les acteurs sociaux succèdent à la police.