Camargue : les fêtes votives à l’heure du coronavirus dans le Gard et l'Hérault

Depuis plus d’un an, les taureaux ne sortaient pratiquement plus du pré. Après plusieurs rebondissements, les spectacles taurins sont désormais autorisés avec de fortes contraintes sanitaires. Des exigences jugées difficilement gérables pour nombre de municipalités qui tentent de s’adapter.

Frappés de plein fouet par la crise, les manadiers se sont battus aux côtés des municipalités pour que les traditions camarguaises vivent cet été. Mais les contraintes sanitaires sont telles que bon nombre de communes ont tout annulé, ou ont fortement restreint les festivités.

D’abord interdits par la préfecture, les lâchers de taureaux dans la rue sont finalement autorisés sous conditions.

Un feu vert qui arrive trop tard pour les premières fêtes de la saison

La fête votive de Saint-Brès ouvre habituellement la saison taurine dans l’Hérault. Début juillet la municipalité a dû se résoudre à tout annuler.

On a mis quinze jours à monter toutes les barrières dans le villages et 48 heures avant l’ouverture de la fête, on a dû tout démonter.

Laurent Jaoul, maire de Saint-Brès

"Dans ces conditions, municipalité et comité des fêtes ont pris la décision d’annuler la fête. Ce n’était plus une fête traditionnelle, ça ne ressemblait plus à rien, on ne peut pas déformer nos traditions comme ça", ajoute le maire de Saint-Brès.

Laurent Jaoul est un ardent défenseur des traditions locales, il n’en revient toujours pas que la préfecture leur ait aussi donné la consigne à l’époque de réaliser des taureaux piscines sans participants.

C’est hallucinant ce qu’ils nous imposaient.

Laurent Jaoul, maire de Saint-Brès

D’autres communes de l’Hérault comme Mudaison et Sussargues ont également dû renoncer à leurs fêtes traditionnelles pour les mêmes raisons. Mais il y a quelques jours, les consignes ont changé. 

Les lâchers de taureaux dans la rue sont désormais autorisés sous conditions

Tout récemment, les contraintes pour les spectacles taurins se sont assouplies. Les encierros, bandidos et abrivados sont finalement acceptés sous conditions, c’est-à-dire avec une jauge restreinte à moins de 1000 participants et port du masque obligatoire. 

Côté bal, même jauge 1000 personnes maximum autorisées, le port du masque reste obligatoire et il faut respecter 4 mètres carré de distanciation sociale entre chaque personne. Aucune boisson n’est autorisée au comptoir.

A Vendargues toutes les animations seront maintenues, du 17 au 24 juillet

Pour ce qui est des spectacles taurins de rue, on est en dessous de la jauge de 1000 personnes on peut donc maintenir les encierros, abrivados et bandidos tout comme les déjeuners au pré. On se bat pour conserver nos fêtes traditionnelles et les réjouissances autour. Il faut permettre aux manades de vivre et malgré toutes ces contraintes sanitaires, on maintient la fête votive.

Max Rascalou, premier adjoint à la mairie de Vendargues, délégué aux traditions taurines et équestres

La commune a notamment agrandi l’espace réservé au bal pour respecter les distanciations sociales imposées.

D’autres communes ne sont pas en capacité d’assurer ni les encierros ni les bals 

Mauguio est l’une des fêtes votives les plus réputées de la région, du 7 au 15 août.

A Mauguio il y a beaucoup plus de 1000 personnes aux encierros, comment voulez-vous que l’on gère les flux, les entrées et les sorties, c’est totalement impossible, c’est la même chose pour les bals qui rassemblent habituellement 3000 à 4000 personnes chez nous. Les bals et les encierros sont donc annulés cette année.

Patricia Moullin-Traffort, adjointe déléguée à la culture, aux traditions et au patrimoine de Mauguio

Elle ajoute, "on nous demande de transformer une partie du domaine public communal en ERP (établissement recevant du public) de plein air, ce n’est pas possible. Cela pourrait même générer une zone de conflit très difficile à gérer. On essaie de rester dans le cadre de ce que la contrainte sanitaire nous impose, on va au bout de ce que l’on peut faire. On est aussi responsable de la santé publique".

En revanche les abrivados et bandidos sont conservés cet été à Mauguio, tout comme les courses camarguaises dans les arènes avec pass sanitaire."Les arènes c’est un endroit clos, on peut contrôler la  jauge", précise Patricia Moullin-Traffort. 

Pour que les artistes des orchestres ne soient pas trop pénalisés, la ville reprogrammera les concerts hors fêtes et dans les arènes. "Le but est de privilégier tous les acteurs, on fait travailler les manadiers, on va aussi faire travailler les musiciens", ajoute l'adjointe déléguée à la culture, aux traditions et au patrimoine de Mauguio.

Une deuxième année consécutive blanche aurait été une catastrophe financière pour les manades 

La crise sanitaire a frappé de plein fouet la filière, très fragilisée depuis l’apparition de l’épidémie.

La fédération des manadiers regroupe 120 manades. Bérenger Aubanel vice-président de la fédération se bat pour sauver ces traditions : "nous sommes vraiment soulagés que les lâchers de taureaux dans les rues soient finalement autorisés, beaucoup de manades n’auraient pas survécu à une nouvelle saison sans travailler".

Dans le gard, cette semaine la fête votive d’Aimargues bat son plein

C’est la première grosse fête de l’été. Au programme : déjeuners au pré, abrivados, festival de bandidos..., puis le 14 juillet la commune passera le relais à une autre grosse fête votive du département, Beaucaire. 

Les fêtes se succèderont tout l’été avec le risque que les contraintes sanitaires se durcissent  au fil d'une éventuelle reprise de l’épidémie.

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