Dans de nombreuses parcelles viticoles du sud-ouest, le mildiou attaque les récoltes. Ce champignon qui s'en prend d'abord aux feuilles puis aux grappes est insaisissable malgré la prévention. Les professionnels du secteur à Cahors (Lot) réclament davantage de souplesse dans la règlementation pour mieux lutter contre.
Chaque été, le mildiou refait surface et empoisonne le travail de plusieurs mois de nombreux agriculteurs. C'est le cas des vignerons dans le sud-ouest comme à Cahors (Lot), où des parcelles touchées ne seront pas vendangées, provoquant une baisse de la production.
"On n'a pas pu lutter"
Le mildiou est une maladie due à un champignon, qui se développe sous forme de petites taches claires et huileuses sur le dessus, et blanches sur le dessous. Il prolifère à cause des conditions météos instables, faites d'un mix entre épisodes pluvieux et fortes chaleurs.
C'est ce qui s'est déroulé ces dernières semaines sur les hectares de Lucien Dimani, vigneron et vice-président du syndicat de défense du vin de Cahors. "Cela a commencé au mois de juin avec beaucoup de précipitations. Tous les deux jours, il y avait 10 à 20 millimètres de pluie, puis une grosse tempête le 21 juin avec 187 millimètres en l'espace de 35 minutes" détaille-t-il.
Les épisodes de chaleur qui ont suivi ont accéléré le développement du mildiou. "Cela créé de l'humidité dans l'air dans un moment où la vigne est sensible. On n'a pas pu lutter contre ça même si on fait le travail correctement" se désole-t-il.
Pour Lucien Dimani, ce nouvel épisode de mildiou est un désastre. "Cette année, les attaques sont foudroyantes. Ça se propage de raisin en raisin. Une fois qu'il est installé, c'est déjà trop tard" regrette-t-il en constatant les dégâts sur ses feuilles.
"Une réglementation de plus en plus rigide"
Mais il ne peut pas tout abandonner pour autant. Car il faut déjà penser à l'après. "On continue de s'occuper des cultures car si on arrête maintenant, on tronque la capacité des vignes à survivre pour l'an prochain" sait-il. Il doit donc limiter la casse, comme beaucoup de ses confrères.
Une situation devenue insupportable pour Sébastien Bernède, lui aussi vice-président du syndicat de défense du vin de Cahors. Il n'en peut plus de voir les récoltes des vignerons du secteur mourir à petit feu chaque saison. "Tous les traitements préventifs n'ont servi à rien" s'agace-t-il. "On a une réglementation de plus en plus rigide qui ne prend pas en compte les différences entre territoires et qui nous semble hors sujet aujourd'hui."
Des parcelles non vendangées
Comprendre : un statut européen uniforme et non adapté à chaque particularité territoriale, selon son analyse. "Avoir les mêmes règles entre le quart sud-ouest où l'on a plus de pluviométrie, et le quart sud-est, ça n'a pas de sens" critique-t-il.
Il exhorte les pouvoirs publics à prendre les choses en main en faisant preuve de souplesse. "On aimerait beaucoup qu'au sein de cette règlementation, on ait des arbitrages territoriaux qui nous permettent de prendre certaines décisions lors d'évènements cataclysmiques" pousse-t-il.
Selon les estimations du syndicat de défense des vins de Cahors, entre 1.000 à 1.500 hectares, sur les 4.500 que compte le vignoble de Cahors, ne seront pas vendangés.